TIPP flottante : Hollande laisse sceptique

François Hollande a proposé jeudi de bloquer les prix de l'essence et de relancer la TIPP flottante.
François Hollande a proposé jeudi de bloquer les prix de l'essence et de relancer la TIPP flottante. © MAXPPP
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FF avec AFP , modifié à
L’idée du candidat socialiste de bloquer les prix du carburant suscite de nombreuses réserves.

La proposition de François Hollande de bloquer les prix de l'essence et de relancer la TIPP flottante ne fait pas l’unanimité. Elle  a été rejetée jeudi par le gouvernement et les industriels du pétrole, et reçue avec circonspection par les associations de consommateurs.

"Une solution du passé", selon Frédéric Lefebvre

"Financer sur le budget de l'Etat une baisse des prix des carburants est totalement inefficace", a déclaré le ministre de l'Industrie Eric Besson. Selon lui, "une baisse de 2 centimes d'euros à la pompe représente une dépense supplémentaire d'1 milliard d'euros par an pour le budget de l'Etat".

Pour le secrétaire d'Etat au Commerce et à la Consommation Frédéric Lefebvre, la TIPP flottante est une "solution du passé qui a échoué". La mesure "a coûté plus de 2,7 milliards d'euros" tout en étant "inefficace", a déclaré Frédéric Lefebvre. 

Mise en place par le gouvernement Jospin entre 2000 et 2002, la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) flottante variait en sens inverse des cours du pétrole brut, pour compenser l'effet de leur augmentation sur les prix à la pompe.

"Une mesure coûteuse et anti-écologique"

"En proposant de rétablir la TIPP flottante, comme l'avait déjà tenté le gouvernement PS/Verts de Lionel Jospin en 2000-2002, François Hollande fait triplement un mauvais choix", a jugé Yann Wehrling. Le porte-parole du MoDem justifie son propos en expliquant qu'"on ne pourra que baisser le montant de la TIPP si on veut stabiliser les prix des carburants" car les prix du pétrole ne cessent d'augmenter.

Soulignant que la TIPP rapporte à l'Etat quelque 25 milliards d'euros, Yann Wehrling observe qu'"un effort de 10 centimes d'euros sur le prix du carburant, c'est un manque à gagner de près de 4 milliards d'euros".

Un blocage de prix "impossible"           

Pour Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip), un blocage du prix de l'essence est "impossible, car le marché du pétrole brut est un marché mondial", à moins de "subventions, pour que l'Etat compense la différence entre le prix mondial et le prix en France."

Quant à la TIPP flottante, "ce n'est pas une mauvaise idée, mais elle est extraordinairement difficile à mettre en place", estime Jean-Louis Schilansky, d'autant que "quand le prix baisse, le gouvernement est dans l'impossibilité (politique, ndlr) d'augmenter les taxes".

"Un cautère sur une jambe de bois"

Côté consommateurs, Thierry Saniez, délégué général de la CLCV, rappelle que l'association propose déjà "un plafonnement du prix de l'essence en modulant les taxes, comme avec la TIPP flottante", tout en soulignant ne pas vouloir prendre parti pour un candidat en particulier.

Pour Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir, un blocage des prix serait "un cautère sur une jambe de bois". "Cette mesure ne s'attaque pas à la racine du mal, qui est le déficit concurrentiel en amont dans la filière des carburants. Les surprofits dégagés sont répercutés sur les prix à la pompe", affirme Alain Bazot.