Survivre en montagne : les bons réflexes

Montagne, alpinistes,
Montagne, alpinistes, © REUTERS
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Stéphanie de Silguy avec AFP , modifié à
Il est conseillé de creuser un trou, boire beaucoup d’eau et de ne pas s’endormir.

Bloqués depuis six jours à 4.000 mètres d’altitude dans le massif du Mont-Blanc, les deux alpinistes ont eu le bon réflexe de se réfugier dans un trou creusé dans la neige. Voici les autres conseils d'Europe1.fr

Creuser un trou dans la neige

"La priorité est de se protéger du monde extérieur, des intempéries", affirme Cédric Larcher, gérant de kairn.com, spécialisé dans les expéditions en montagne, contacté par Europe1.fr. "Afin de lutter contre l'hypothermie, la meilleure solution est de creuser un trou pour s'enfouir dans la neige et se protéger du vent qui accentue la sensation de froid", explique le directeur de l'Association nationale pour l'étude de la neige et des avalanches (ANENA), Dominique Létang, à l’AFP. Creusée dans une neige compacte, la cavité permet d'obtenir une température voisine de 0°C. Elle peut être augmentée avec un réchaud ou une simple bougie.

La tranchée est aussi une solution. Elle est souvent utilisée par les troupes alpines, surtout sur le plat.

Enfin, si la neige est  suffisamment compacte, il est aussi possible de construire l'igloo traditionnel. Mais cette technique nécessite du temps et un entraînement (2 à 3 heures pour faire un igloo pour 2 ou 3 personnes).

Rester au sec

"Pour ne pas perdre d’énergie, il faut éviter de se mouiller", conseille Cédric Larcher. "Il faut donc se changer dès qu’on transpire. Par exemple après avoir creuser le refuge, il faut mettre des vêtements secs", ajoute-t-il.

 Ne pas se déshydrater

Il est vital de boire de grande quantité d’eau. "L'important est de ne pas se déshydrater. Pour cela faire fondre de la neige à l'aide d'un réchaud", souligne le commandant du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Chamonix, Jean-Baptiste Estachy. La déshydratation entraîne "une fatigue extrême", explique Cédric Larcher, soulignant qu’ "il faut absolument récupérer des forces". Boire permet "d’être mieux résistant au froid et à l’altitude". Au sujet du mal de la montagne qui peut entraîner des œdèmes,  Cédric Larcher se veut rassurant pour les deux alpinistes bloqués depuis six jours : "Ils ne sont pas très haut et depuis le temps, leur corps s’est acclimaté à l’altitude".

Masser les extrémités des mains et des pieds

 Le risque est aussi d’avoir des gelures aux pieds et aux mains. "Comme on ne bouge plus, on ne s’en rend pas compte. Il faut donc se masser tout le temps pour faire circuler le sang", conseille Cédric Larcher, ajoutant qu’il est "important de changer de chaussettes".

Ne pas s’endormir

"Il faut garder un contact permanent et se réveiller mutuellement toutes les deux heures", insiste Cédric Larcher. "Mais de toute façon avec le froid, il est difficile de dormir", ajoute-t-il. Mais pour les deux alpinistes bloqués depuis 6 jours , "on peut imaginer qu'il est très difficile de ne pas s'endormir, le mieux est donc de s'organiser entre compagnons de cordée et de dormir à tour de rôle", explique Dominique Létang. Comme pour les navigateurs, des "siestes de 15 minutes" peuvent être faites, le tout étant d'économiser son énergie pour tenir le plus longtemps", ajoute-t-il.

Garder le moral

L'expérience et le moral sont primordiaux dans ces conditions. "Le facteur psychologique est très fort", explique Cédric Larcher. "Il ne faut pas se laisser aller. Ce n’est pas parce que la personne ne parle plus qu’elle va bien. Au contraire, elle peut être en hypothermie", détaille-t-il. Et de conclure, "le problème, c’est que ces situations extrêmes mènent à l’abandon. On parle même de la mort blanche".