Son site déplaît à la place Beauvau

Amal Bentounsi a lancé un site Internet après la mort de son frère tué par un policier en avril dernier. La place Beauvau a porté plainte pour diffamation.
Amal Bentounsi a lancé un site Internet après la mort de son frère tué par un policier en avril dernier. La place Beauvau a porté plainte pour diffamation. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul avec AFP , modifié à
La sœur d’un homme tué en avril dernier par un policier a monté un site pour recenser les victimes.

L’INFO.  Le site Internet qu’elle a créé après la mort de son frère, tué par un policier en avril dernier, a suscité l’ire de la place Beauveau. Amal Bentounsi est au coeur d'une enquête pour diffamation ouverte après une plainte du ministère de l'Intérieur. La jeune femme s’est rendue mercredi à une convocation de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) à Paris, chargée d'une enquête pour "diffamation publique envers une administration publique", qui aurait été commise sur son site www.urgence-notre-police-assassine.fr.

La mort du frère d'Amal.  En avril dernier, la mort d’Amine, le frère d’Amal, avait fait beaucoup de bruit. Multirécidiviste recherché par la police, il avait été tué le soir du 21 avril 2012 après avoir reçu une balle dans le dos tirée par un policier à Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis, selon l'autopsie. Le gardien de la paix, qui a mis en avant la légitime défense, a été mis en examen pour homicide volontaire.

Suite à ce drame, des policiers avaient organisé de leurs côté plusieurs rassemblements en solidarité avec leur collègue, réclamant au passage une réforme de la légitime défense. Ils avaient défilé sirènes hurlantes et dans leurs voitures de service sur les Champs-Elysées durant l’entre-deux-tours de la campagne présidentielle de 2012. Et leurs représentants avaient été reçus par les candidats à la présidentielle Nicolas Sarkozy et François Hollande.

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Un site pour dénoncer "l’omerta". Le site d’Amal Bentounsi, lancé après la mort de son frère et qui affirme recevoir 500 visites en moyenne par semaine, exige "que l'Etat reconnaisse les crimes et les violences dont sa police se rend coupable" et dénonce "cette omerta qui pèse sur tout ce qui concerne la police dans ce pays" et un "déni de justice institutionnalisé" pour les familles des victimes. "Une loi doit mettre fin à l'impunité policière: que les policiers soient jugés comme n'importe quel citoyen", peut-on y lire.

Le site appelle à l'organisation d'une "journée nationale des victimes de la police", le 23 mars, et présente une liste de ces victimes présumées depuis 2005. "Je dis la vérité", assure Amal Bentounsi. Plusieurs familles, comme celles de Mamadou Marega ou Wissam al-Yamni, morts après avoir été interpellés par la police, ont également rédigé des textes sur le site, a-t-elle précisé.

Son avocat dénonce l’attitude de l’Etat. "C'est assez grotesque de la poursuivre pour diffamation. Parfois, il faut savoir apprécier le contexte", a réagi l’avocat d’Amal Bentounsi, Me Michel Konitz. Selon lui, sa cliente appartient à une famille "frappée par une bavure et qui souffre". Et le conseil d'Amal Bentoussi de préciser à Europe1.fr que, dans cette affaire, Amal Bentoussi reste "fidèle à son caractère, c'est-à-dire combative".