Six pirates somaliens jugés en France

L'un des six accusés ayant moins de 18 ans, tous comparaissent devant la cour d'assises des mineurs
L'un des six accusés ayant moins de 18 ans, tous comparaissent devant la cour d'assises des mineurs © REUTERS
  • Copié
avec Fabienne Le Moal , modifié à
Ils encourent la perpétuité pour la prise d'otages de Français en 2008. Le procès sera public.

Ils attendaient d'être jugés depuis trois ans. Les six pirates somaliens, faits prisonniers en septembre 2008 dans le golfe d'Aden après la libération d'un couple de Français retenus sur le voilier "Le Carré d'as", comparaissent depuis mardi matin devant la cour d'assises des mineurs de Paris. Ils sont poursuivis pour "détournement de navire, enlèvements, séquestrations avec demande de rançon, association de malfaiteurs et vol en bande organisée". Un procès unique en son genre en France.

Le procès, qui devait se tenir à huis clos en raison de la présence d'un accusé, mineur au moment des faits, sera finalement public a annoncé, mardi après-midi la présidente, Nadia Ajjan.

Retour sur les faits. Le 2 septembre 2008, le voilier "Le Carré d'as", convoyé depuis Tahiti par Jean-Yves Delanne et son épouse Bernadette, est attaqué au large de la Somalie. Les pirates réclament quatre puis deux millions de dollars pour les libérer.

Deux semaines plus tard, les militaires français donnent l’assaut. En dix minutes, trente commandos marine parviennent à s'emparer du bateau de 16 mètres. Un Somalien est tué mais les otages sont sains et saufs.

Des accusés un peu perdus

Qui sont ces six Somaliens ? Depuis mardi matin, tous semblent un peu perdus dans le box des accusés. Ils se présentent comme de simples pêcheurs, étudiants ou hommes de mer. Une image bien éloignée de celle véhiculée par le terme même de pirate, selon la défense.

"Il vivait de la pêche, il n'a absolument pas le profil de quelqu'un qui est en bandit de grand chemin", a déclaré sur Europe 1, Me Cédric Alépée, avocat de l'un des accusés.

"Il ne faut pas tomber dans la caricature parce qu'on parle de pirates. Ce n'est absolument pas la réalité. C'est la faim qui les a poussé à ça. Il y en a même un qui était dans une situation dramatique. Il devrait absolument avoir de l'argent parce que son épouse était sur le point de décéder. Il n'y a pas de possibilité d'être soigné dans ce pays si on n'a pas d'argent".

Les pirates veulent l'asile politique

"Il n'y a eu absolument aucune agressivité de part et d'autre", affirme au micro d'Europe 1, Me Sabrina Goldman, l'avocate de l'un des pirates. "Le tempérament des skippeurs qui ont été victimes dans cette affaire, est compréhensif. Finalement, ils ne sont pas du tout dans un esprit vengeur. Ils n'émettent pas le souhait qu'ils soient condamnés à une peine lourde. Il faut rappeler que le couple de skippeurs n'a pas subi de violence physique", insiste l'avocate.

Les six pirates encourent la perpétuité. Mais, au delà d'une condamnation, ce que redoutent surtout ces Somaliens, c'est qu'à leur sortie de prison, ils soient expulsés vers le Kenya où ils disent risquer la peine de mort. Ils comptent donc demander l'asile politique pour rester en France.