Sidaction : la mobilisation doit "rester très importante"

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Alexis Toulon , modifié à
CONTAGION - Quand le Sidaction voit ses financements reculer, c’est tout le tissu associatif qui est menacé. 

Avancées médicales, prévention… l’épidémie de sida touche moins de personnes chaque année. Pourtant, en France, 150.000 personnes sont porteuses du virus et 40.000 vivent avec sans le savoir. Malgré la crise économique, le week-end du Sidaction, qui démarre vendredi, est un moment clef de la mobilisation contre cette maladie sur lequel compte tout le tissu associatif et la recherche. Chaque année, les dons du Sidaction représentent entre 20 et 25% des ressources financières de l’association et permettent de remettre en lumière cette maladie qui contamine plus de 6.000 personnes chaque année. Comme l'a expliqué Anne Bouferguène, séropositive et auteur de Un mal qui ne se dit pas (Ed. Robert Laffont), au micro d'Europe 1 : "J'ai une grande nouvelle, on est tous concernés par le SIDA".

"J'ai une grande nouvelle, on est tous...par Europe1fr

"Sortez couverts !". Europe 1 s’implique dans le Sidaction. Le vendredi 4 avril, en direct à partir de 23h00 Christophe Dechavanne accompagné de Caroline Diament proposera une nuit d’écoute et d’échanges pour informer, prévenir et lutter contre le virus du Sida.

Un départ en fanfare, et une stabilisation. Après le succès de la première édition, avec environ 45 millions d’euros collectés, les recettes se sont stabilisées dans le temps, autour de 20 millions d’euros par an. Mais depuis trois ans, la tendance est à la baisse, en 2012, l’association n’a récolté que 16 millions. Des chiffres toutefois à modérer prévient François Dupré, directeur général du Sidaction, interrogé par Europe1.fr : "Il peut y avoir des variations autour de dons occasionnels, mais la mobilisation individuelle est stable". Et il insiste sur le week-end du Sidaction pour mesurer l’action militante et l’engagement citoyen. "Les dons lors du seul Sidaction tournent autour de 4 ou 5 millions d’euros depuis des années, c’est stable", insiste le directeur général.

Sidaction

© Capture d'écran rapport 20 ans d'activité Sidaction

Les associations sous perfusion. Le Sidaction est financé par les dons à 93%, explique l’association à Europe1.fr. Depuis 1994, Sidaction s’oblige à reverser à parts égales au moins 70 % des fonds collectés à la recherche et aux associations de prévention et d’aide aux malades. Les 30 % restant sont consacrés aux frais de collecte et de fonctionnement de la structure. Donc, quand les dons baissent, l’ensemble du tissu associatif est pénalisé. Symbole de ce manque à gagner : l’association Act-Up, acteur historique de la lutte contre le sida, qui est menacée de disparition. Même son de cloche chez d’autres acteurs comme Aides qui pointe les diminutions des dotations de l’Etat, rigueur budgétaire oblige et la baisse de l’enveloppe du Sidaction qui est passée de 4 millions en 2012 à 2,8 millions d’euros en 2013. Du côté du Sidaction on continue de financer les projets, de la manière la plus professionnelle possible. « Le Sidaction est un financeur privé qui fait des appels à projet, mais ce sont des comités de professionnels indépendants qui traitent les demandes", rappelle François Dupré.

Un bailleur privé qui fait des choix. Toutefois, la baisse des subventions est une réalité dans de nombreuses associations financées par le Sidaction. "Nous avons eu des baisses légères du Sidaction, des subventions publiques, mais c’est principalement  le mécénat qui a chuté", précise-t-on du côté d’Act-Up à Europe1.fr. Les recettes de mécénat de l’association ont été divisées par trois en trois ans. Du côté du Sidaction on rappelle que de gros projets, qui remplissent mieux les critères d’aides et de soin peuvent absorber des ressources plus importantes. "Mais les diminutions de subventions aux associations sont toujours progressives, pour éviter que leur action ne soit trop fortement impactée", assure François Dupré.

Les dangers comptables. Le Sidaction souffre, à en croire les rapports financiers, d’une baisse des dotations du fonds Bergé. Il a versé deux fois moins d’aides en 2012 qu’en 2011. "L’engagement de Pierre Bergé s’inscrit dans la continuité et son investissement de 10 millions d’euros est respecté", assure François Dupré. Selon lui, la baisse s’explique par la différence de traitement réservée aux financements entre la recherche et les associations : "les uns les dépensent immédiatement, les autres les encaissent en fonction de leurs projets, et si l’argent n’est pas utilisé immédiatement, il est rencaissé et sera distribué l’année suivante".

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