Serge Dassault va-t-il perdre son immunité ?

© Maxppp
  • Copié
Frédéric Frangeul avec Guillaume Biet , modifié à
Le bureau du Sénat examine mercredi la demande de levée d’immunité parlementaire de l’élu.

L’info. C’est une décision qui pourrait avoir de lourdes conséquences pour Serge Dassault. Le bureau du Sénat examine mercredi une demande de levée d'immunité parlementaire du sénateur UMP de l'Essonne. La justice souhaite en effet interroger l'ancien maire de Corbeil-Essonnes dans une affaire de tentatives de meurtres survenus dans cette ville, au début de l'année 2013. En toile de fond, des soupçons d'achats des suffrages lors de la campagne municipale 2010, objets d'une autre enquête depuis mars dernier.

A LIRE AUSSI : Corbeil-Essonnes : des votes achetés ?

Deux règlements de compte. Le 19 février dernier, à l'heure du déjeuner, un boxeur amateur de 32 ans, était grièvement blessé après avoir reçu trois balles de calibre 38, alors qu'il se trouvait en plein centre-ville de Corbeil-Essonnes. Le tireur a agi au su et au vu de nombreux témoins. Il s'agirait d'une "figure locale", actuellement en fuite, qui a su nouer des amitiés politiques dans tous les camps mais qui fut surtout proche de Serge Dassault. Trois semaines plus tôt, un autre habitant de la commune avait été victime d'une tentative d'homicide.

Quel rôle pour Serge Dassault ?  Les juges se demandent si la mairie de Corbeil-Essonnes et Serge Dassault ont pu jouer un rôle dans ces deux tentatives d'homicides. Car le point commun entre les victimes est qu’elles auraient touché, ou espéré toucher de l'argent de Serge Dassault, pour l'aider à se faire élire. En 2009, le Conseil d’Etat avait invalidé l’élection de Serge Dassault, datant de 2008, en raison de "l'existence de dons d'argent d'une ampleur significative de la part du maire sortant à destination des habitants de la commune", "de nature à altérer la sincérité du scrutin".

A LIRE AUSSI : Le système Dassault épinglé

Des promesses non honorées ? Pour Nathalie Boulay-Laurent, ancienne première adjointe de Serge Dassault qui a démissionné quand elle a découvert les achats de suffrages, ce sont bien ces pratiques illégales qui ont entraîné les deux tentatives de meurtres à Corbeil-Essonnes en début d’année. "Il semblerait bien que, dans ces deux cas-là, de l’argent ait été promis et n’ait pas été donné à des intermédiaires qui considèrent avoir fait leur travail d’agent électoral et n’ont perçu les sommes auxquelles ils estiment avoir droit", confie-t-elle au micro d’Europe 1.   

Le successeur de Dassault déjà entendu. De leur côté, les juges, eux aussi, se demandent si ces règlements de compte ne sont qu'une simple conséquence de l'argent distribué à Corbeil-Essonnes ou s'ils ont été purement et simplement commandités par Serge Dassault. Agé de 88 ans, ce dernier pourrait donc être interrogé en garde à vue si son immunité était levée. La semaine dernière, son successeur et ami, Jean-Pierre Bechter, l'actuel maire UMP, a déjà été entendu dans cette affaire sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui.

A LIRE AUSSI : Le maire de Corbeil-Essonnes en garde à vue