Scandale du Mediator : là où ça coince

Plus de 80% des demandes d'indemnisation de patients victimes du Mediator qui ont été examinées ont été rejetées par la commission médicale mis en place par l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux.
Plus de 80% des demandes d'indemnisation de patients victimes du Mediator qui ont été examinées ont été rejetées par la commission médicale mis en place par l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux. © MAXPPP
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Frédéric Frangeul , modifié à
Plus de 80% des premières demandes d'indemnisation sont rejetées.

Un scandale dans le scandale ? Plus de 80% des demandes d'indemnisation de patients victimes du Mediator qui ont été examinées ont été rejetées par la commission médicale mis en place par l'Oniam, l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux. A ce jour, sur les 831 dossiers traités par les experts, 712 ont ainsi été rejetés, selon un chiffre publié mercredi matin par Le Parisien. Comment expliquer un si faible taux d’indemnisation pour un médicament qui a fait plusieurs centaines de victimes entre 1976 et 2009 ?

Des dossiers difficiles à monter

La majorité des demandes d’indemnisation ont été rejetées au motif d’un manque de preuves. Car ce qui fait foi est la dégradation des valves cardiaques des patients. Or, dans les premiers dossiers étudiés, le lien de cause à effet entre le Médiator et les maladies cardio-vasculaires n’a pas été jugé suffisamment établi pour qu’il y ait une indemnisation.

De plus, les victimes présumées doivent apporter la preuve qu’elles ont pris du Mediator, en fournissant des ordonnances, et doivent aussi démontrer qu’elles étaient auparavant en bonne santé. Ces preuves ne sont pas toujours faciles à retrouver plusieurs années après.

"On est encore au début d’un dispositif"

Il reste toutefois encore plus de 6.000 dossiers à étudier. Et ces dossiers concerneraient les cas les plus lourds, selon les informations recueillies par Europe 1. La tendance au faible taux d’indemnisation pourrait donc s’inverser, et les dossiers examinés lors des réunions de la commission d’experts pourraient être moins sujets à discussions.

"On est encore au début d’un dispositif", concède Eric Rance, directeur général de l’Oniam. "Nous ne pouvons pas tirer de conclusions statistiques à partir d’un faible nombre de dossiers examinés par rapport au 7.467 dossiers qui sont présentés en demande d’indemnisation", assure-t-il sur Europe 1.

L’attitude du collège d’experts mise en cause

Autre problème, pointé du doigt mercredi matin sur Europe 1 par Irène Frachon, la pneumologue qui a dénoncé le scandale du Médiator, l’attitude des experts en charge de l’étude des dossiers des victimes. "Ce n’est pas une question d’honnêteté mais de lâcheté", a-t-elle déploré. Selon elle, les experts "ont peur de perdre face à Servier et préfère sacrifier les patients". Pour Irène Frachon, les décisions des experts "ne correspondent pas aux données actuelles de la science".

Pour le directeur général de l’Oniam, les soupçons de pressions qui pèsent sur le collège d’experts n’ont cependant aucun fondement.  Selon lui, les experts "nommés par le ministre de la Santé, travaillent et ont été nommés en toute indépendance".