Sarkozy ressort la taxe Google

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avec agences , modifié à
Le président-candidat veut imposer "les géants du net" en France. Google proteste.

Alors que le Parlement y avait renoncé en juin dernier, la "taxe Google" semble de nouveau pointer le bout de son nez. Le président-candidat a en effet déclaré mercredi qu'il voulait imposer "les géants du net" en France. Il s'agit surtout d'instaurer une taxe sur la publicité, et d'étendre la loi contre la contrefaçon aux responsables de sites illégaux.

Dans un entretien au Point à paraître jeudi, Nicolas Sarkozy explique que "les géants du net" devront "acquitter un impôt représentatif de leurs activités dans notre pays", "au-delà de leur contribution au financement de la création et des réseaux". "Il n'est pas admissible qu'ils réalisent un chiffre d'affaires de plusieurs milliards d'euros en France sans contribuer à l'impôt", se justifie-t-il.

"Au moins deux pistes sérieuses"

"Il y a au moins deux pistes sérieuses que je veux faire explorer concomitamment, au niveau français aussi bien qu'européen : une taxe sur la publicité en ligne et l'assujettissement à l'impôt sur les sociétés - quitte, dans ce dernier cas, à renégocier certaines de nos conventions fiscales", explique Nicolas Sarkozy, sans autre précision.

Une taxe qui fait écho à la taxe dite "taxe Google", à laquelle le Parlement avait renoncé en juin dernier. Ladite taxe portait justement sur l'achat d'espace publicitaire en ligne. Son objectif était de capter une partie des revenus de géants de l'Internet établis fiscalement à l'étranger. Mais le gouvernement s'y était opposé car elle aurait, selon lui, touché les PME françaises qui souhaitent s'engager sur Internet, et non pas les grands acteurs de l'Internet visés initialement.

"Une entrave au potentiel de croissance"

Un porte-parole de Google France a vivement réagi contre cette annonce, arguant qu'"Internet offre une formidable opportunité pour la croissance économique et l'emploi en France". Le groupe a tenu à rappeler que d'après une récente étude, "Internet a contribué à hauteur de 3,2% (60 milliards d'euros) au PIB de la France en 2009 et pourrait atteindre 5,5% du PIB en 2015 et permettre la création de 450 000 emplois d'ici là". Le porte-parole juge également que cette taxe serait nocive pour l'économie du web.  Selon lui, "cette contribution positive a de meilleures chances de se réaliser dans un environnement favorable à l'écosystème du web en France et aux investissements dans ce secteur. Les politiques publiques devraient encourager plutôt qu'entraver ce potentiel de croissance", a jugé le porte-parole.

De son côté, l'équipe de campagne du PS, par la voix de Fleur Pellerin, responsable de l'économie numérique a répliqué dans un communiqué qu'il y avait "deux Sarkozy : celui des paroles et celui des actes", allusion à la "taxe Google enterrée voilà un an alors qu'elle était débattue au Parlement". Elle a aussi accusé Nicolas Sarkozy de ne jamais avoir "mis à l'agenda européen la question de la fiscalité sur internet".

En revanche, Facebook France n'a pas souhaité commenter les déclarations de Nicolas Sarkozy. Quant au président et cofondateur de Twitter, Jack Dorsey, reçu mercredi matin par plusieurs candidats dont François Hollande et François Bayrou, il a ensuite été reçu à l'Elysée. Sans doute une occasion pour Nicolas Sarkozy d'argumenter sa position.