Sarkozy mis en examen dans l'affaire Bettencourt

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et Frédéric Frangeul avec AFP , modifié à
L'ex-président a été mis en examen jeudi pour abus de faiblesse à l'encontre de Liliane Bettencourt.

L'info. Coup de théâtre dans l'affaire Bettencourt. A la suite d'au moins quatre confrontations entre l'ancien chef de l'Etat et plusieurs membres du personnel de Liliane Bettencourt, Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour abus de faiblesse à l'encontre de cette dernière jeudi soir, selon le parquet de Bordeaux. Les confrontations se sont déroulées dans la plus grande discrétion, pour vérifier si Nicolas Sarkozy s'était rendu une ou plusieurs fois chez l'héritière de L'Oréal pendant sa campagne en 2007.

Une audition de plusieurs heures L'ex-majordome des Bettencourt, Pascal Bonnefoy est arrivé à la mi-journée au Palais de justice de Bordeaux. La confrontation avec au moins quatre membres du personnel de Liliane Bettencourt, dont Pascal Bonnefoy, qui avait commencé en début d'après-midi, s'est terminée aux environs de 17 heures.

"Indices graves et concordants". En décidant de mettre Nicolas Sarkozy en examen, le juge d'instruction Jean-Michel Gentil estime que des "indices graves et concordants" au sens du code pénal, démontrent que l'ancien chef de l'Etat aurait commis un abus de faiblesse aux dépens de Liliane Bettencourt en lui demandant de l'argent pour financer sa campagne. En novembre dernier, Nicolas Sarkozy avait été placé sous le statut de témoin assisté, faute de charges suffisamment lourdes contre lui. Si les faits sont avérés, Nicolas Sarkozy risque trois ans de prison et 375.000 euros d'amende.

Un recours déposé. Me Thierry Herzog, l'avocat de l'ancien chef de l'Etat, a donc qualifié cette décision d'"incohérente sur le plan juridique, et injuste". "Je saisirai en conséquence immédiatement la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Bordeaux pour former un recours et pour demander la nullité, notamment de cette mise en examen", a-t-il déclaré.

En novembre dernier sur Europe1, Thierry Herzog excluait définitivement une mise en examen :

L'avocat du majordome "à moitié surpris". Me Gillot, l'avocat de Pascal Bonnefoy, a expliqué au micro d'Europe 1 pourquoi il n'est pas surpris par la mise en examen de Nicolas Sarkozy. "Ça me surprend à moitié dans la mesure où il ne faut pas oublier que Nicolas Sarkozy est au centre de ce dossier depuis son début. Je rappelle qu'il avait reçu - à l'époque où l'affaire était en cours d'enquête - Liliane Bettencourt à l’Élysée, ainsi que Patrice de Maistre. On a aussi appris que l'entourage de Liliane Bettencourt était informé à l'époque par l’Élysée de la position du parquet et de l'avancement de l'enquête. Et puis il y a bien entendu ces soupçons importants de financement illicites de sa campagne électorale de 2007", détaille Me Gillot.

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Un tournant dans l'enquête. Cette mise en examen intervient après cinq ans d'enquête ayant troublé sa présidence et alors qu'il n'excluait plus un éventuel retour en politique. De son côté, Nicolas Sarkozy a toujours affirmé s'être rendu au domicile des Bettencourt une seule fois pendant sa campagne présidentielle de 2007, pour y rencontrer brièvement André Bettencourt, le mari de l'héritière de l'Oréal, décédé en novembre de la même année. Mais le juge Jean-Michel Gentil, qui depuis le mois de novembre multiplie les auditions avec le personnel de la milliardaire, a entendu plusieurs membres affirmer avoir vu Nicolas Sarkozy à plusieurs reprises chez Liliane Bettencourt. 

Seize personnes ont déjà été mises en examen par le juge Gentil et ses deux collègues depuis deux ans et demi dans cette affaire, partie d'une plainte, déposée fin 2007 par Françoise Bettencourt Meyers, la fille de Liliane, pour des abus de faiblesse à l'encontre de sa mère.