Sanofi : le film qui embarrasse la direction

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Ce documentaire montre notamment un face à face tendu entre la direction et les salariés en colère.

La direction de Sanofi a finalement eu le dernier mot. Les salariés du site de Toulouse ont accepté de ne pas diffuser dans son intégralité le documentaire polémique tourné en décembre dernier lors d'une manifestation sur un autre site de Sanofi, à Gentilly, dans le Val-de-Marne.

En raison des menaces de poursuites judiciaires, la centaine de personnes regroupées dans la salle de projection de l'Utopia n'ont vu que 5 minutes des 52 minutes du film. Mais les salariés ne comptent pas s'en arrêter là et envisagent une nouvelle projection. Pourquoi cette polémique. Explications.

Des images d'un face à face tendu. Tout commence le 19 décembre dernier. Des salariés du groupe pharmaceutique Sanofi, face à des suppressions d'emplois, manifestent en marge d'un comité d'entreprise à Gentilly. Plusieurs personnes filment ce face à face très tendu entre plusieurs membres de la direction, dont Christian Lajoux, président de Sanofi France, et les employés.

"Ce qui est frappant dans cette rencontre, c'est le contraste entre la langue de bois de la direction et les attentes, les inquiétudes des salariés", commente Laurent Besson-Imbert, délégué syndicale Sud chez Sanofi, interrogé par Europe1.fr. Cette rencontre, sans violence, s'était par ailleurs terminée par une interprétation revisitée de la Marseillaise par les salariés de l'entreprise.

• Le film réduit à 5 minutes sous la pression. C'est cette séquence précisément qui a été diffusée lundi soir au cinéma d'art et essai Utopia à Toulouse. Pour éviter toute poursuite, le film rapportait seulement les paroles des salariés et masquait le visage des patrons. Un huissier, mandaté par la direction pour constater la diffusion, était d'ailleurs présent pour s'assurer que le documentaire rentrait dans le cadre légal, c'est-à-dire : respect du droit à l'image et pas de divulgations d'informations confidentielles. Même avec un film en version "raccourcie" un débat a toutefois été organisé au cinéma.

Malgré ce compromis Laurent Besson-Imbert reste très en colère. "Ils ne peuvent pas ignorer que l'on filmait et q'uon allait diffuser ces images. C'est une censure d'un ancien temps. Nous sommes stupéfaits. Ils veulent faire pression car le documentaire leur déplait. Mais pourquoi censurer une parole de vérité", s'interroge le syndicaliste.

• Vers une version "revue et corrigée" ? La direction se montre ferme. Le cinéma et l'intersyndicale ont en effet reçu un courrier signé du directeur juridique du groupe déclarant que "Sanofi se réserve la possibilité de prendre toute mesure et d'engager toute poursuite" si le film était diffusé en l'état.

Mais les salariés ne comptent pas en rester là. Ils prévoient en effet de refaire une projection et plusieurs salles de cinéma se sont montrées intéressées par le projet. Les employés vont ainsi travailler sur une version qui ne soit pas répréhensible par la loi. "Nous allons garder notre version de base et voir avec un avocat compétent dans le droit à l'image ce qui peut être diffusé ou non. "Ce film sera diffusé, in fine, ça ne peut pas se terminer autrement", assure Laurent Besson-Imbert.

Voici un reportage de France 3 sur le documentaire de Sanofi :

• Une manifestation en parallèle. Depuis juillet 2012, l'unité toulousaine du groupe, qui compte 614 salariés spécialisés dans la recherche et le développement, est menacée. Le personnel a interrompu les "jeudis de la colère" qui ont réuni 200 à 300 personnes chaque semaine, mais il continue à combattre le projet de restructuration.

"Une centaine de salariés devrait monter à Paris mardi pour participer à une manifestation interprofessionnelle en faveur d'une loi pour l'interdiction des licenciements boursiers", a indiqué Dominique Junyent.