Rose, esclave moderne en France

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avec Emilie Denètre , modifié à
Ses tortionnaires ont écopé de prison avec sursis. "C’est 9 ans que j’ai donnés", répond Rose.

Rose est arrivée en France quand elle avait 11 ans. Pendant 9 ans, cette petite Malienne n’a connu que le pavillon de Bondy, en région parisienne, où elle était enfermée par un couple franco-malien pour faire le ménage et préparer à manger, et l’école où elle conduisait les enfants. Mardi, ses tortionnaires ont été condamnés. A deux ans de prison avec sursis.

"C’est pour moi une déception que je ne peux même pas expliquer. C’est neuf ans de ma vie que j’ai donnés", déplore Rose, au micro d’Europe 1.

Comme l’esclavage a été aboli en France, la qualification pénale n’existe plus. Le couple condamné dans le cas de Rose était ainsi jugé pour "non respect de la vie humaine". D’où cette peine limitée.

"Au début je ne me rendais pas compte"

Reste le traumatisme. "Des gifles j’en ai eu beaucoup, des coups j’en ai eu beaucoup, des insultes sans compter. Au début je ne me rendais pas compte, pour moi c’était normal. J’avais confiance en [Aïssata S., la femme condamnée, NDLR], je n’avais qu’elle ici", raconte la jeune fille.

Pour les jeunes filles victimes d’esclave domestique, le scénario est souvent le même : "C’est toujours au départ des immigrés qui rentrent au pays l’été et qui ont besoin d’une nounou", détaille Anick Fougeroux, l’avocate de Rose. Ils font ainsi venir en France une jeune fille. Qui devient comme "transparente".

Rose se reconstruit désormais

Rose a aujourd’hui 24 ans. Elle vit dans un foyer en banlieue parisienne. Apprentie chez un fleuriste, elle rêve de pouvoir devenir un jour avocate pour aider les jeunes filles qui ont connu comme elle l’esclavage domestique.