Requins : "un carnage" pour les surfeurs

© Max PPP
  • Copié
Pierre Rigo et avec AFP , modifié à
De nombreux surfeurs déplorent "les mesurettes" prises par les pouvoirs publics.

Tous réclament "que le carnage cesse". Environ 300 surfeurs se sont rassemblés dimanche à La Réunion pour apporter leur soutien à leur camarade grièvement blessé par un requin la semaine dernière. Selon eux, la pêche aux requins, organisée par les pouvoirs publics, et qui a débuté ce week-end, n'est pas suffisante. Les surfeurs réclament une véritable protection contre "le danger qui vient du large".

Des fonds récoltés pour les victimes

Une journée de soutien a été organisée dimanche en l'honneur de Julien Bujon, un surfeur de 41 ans, amputé d'une main et d'un pied, après une attaque de requin sur le spot de Saint-Leu. Ce dernier a confié "traverser des moments de calme mais aussi de détresse terrible" dans un message lu par son épouse, en pleurs.

Une collecte de fonds a aussi été organisée en vue de lui offrir "la meilleure prothèse pour que sa vie soit la plus confortable possible", a expliqué Christophe Mulquin, ancien professeur de surf, à l'origine du rassemblement qui s'est tenu en face du spot où s'est déroulé le drame.

"Il n'y a aucune récupération politique", a-t-il tenu à préciser en donnant la parole à un conseiller municipal de Saint-Leu. Le maire de la ville, Thierry Robert, absent au rassemblent en raison d'un déplacement en métropole, a toutefois reçu le soutien des surfeurs pour avoir, le premier, autorisé la pêche au requin. "Nous allons tout faire pour sécuriser le site afin que vous puissiez vous remettre à l'eau" a promis l'élu, après une minute de silence en hommage aux surfeurs disparus.

Ne pas laisser "les gens se faire bouffer"

Mais pour l'heure, les surfeurs estiment que ces mesures sont largement insuffisantes. Interrogé par Europe 1, Serge Leplège, président de l'association Prévention Réunion requin estime que la pêche aux requins n'est qu'une "mesurette". "C'est de la poudre aux yeux. Laisser les gens se faire bouffer, par en plus des animaux qui sont, ni en voie de disparition, ni en voie d'extinction, c'est un scandale. C'est un programme  de gestion global qu'il faut vite mettre en place à la réunion", commente Serge Leplège.

Ce dernier propose notamment de réaliser des prélèvements sur les requins qui sont sédentarisés. La Réserve marine de La Réunion, censée favoriser le repeuplement des zones côtières par les espèces animales et végétales, est également pointée du doigt. "Il faudrait repenser le périmètre de la réserve marine, parce que cette réserve met en danger la vie des gens. A choisir entre quelques poissons et la vie d'êtres humains, il n'y a pas photo. Si on nous avait écoutés, il y aurait sans doute eu beaucoup moins de morts. Il y a déjà eu trois morts, c'est un carnage", déplore le président de l'association Prévention Réunion requin. Trois surfeurs ont en effet été tués et deux amputés depuis 20 mois sur l'île, sur un total de huit attaques.

Nous demandons une protection

Le secrétaire de l'association Océan Prévention requin a de son côté fustigé "l'hypocrisie des autorités" qui l'ont poursuivi l'an dernier pour avoir organisé une expédition punitive et tué un requin après la mort d'un surfeur. Alors que "la France importe chaque jour 53 tonnes de requin, l'équivalent de 267 bouledogues". "Nous savons que le risque zéro n'existe pas et n'a jamais existé, nous ne demandons qu'une protection entre nous et ce qui vient du large", a-t-il encore dit.

Deux pétitions, l'une du maire de Saint-Leu réclamant une révision du périmètre de la Réserve marine, l'autre une "régulation durable et raisonnée" de la population de requins, ont été lancées la semaine dernière.