Religions : l’école, l’autre zone de tension

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avec Fabien Cazeaux
Le programme de terminale aborde le conflit au Proche-Orient. Des enseignants se disent inquiets.

A l’aune des vives réactions provoquées par le film anti-islam puis la Une du journal satirique Charlie Hebdo, certains redoutent de passer un moment compliqué : les enseignants. A partir de cette année, le conflit au Proche et Moyen Orient est en effet traité dans un chapitre à part. Certains professeurs d’histoire s’attendent déjà à être confrontés à des réactions hostiles d'élèves, malgré des consignes de prudence.

Un chapitre à part qui fait monter la tension

Déjà prétexte à de vifs débats en salle de classes, le conflit au Proche-Orient risque d’en provoquer de plus grands encore. A compte de cette année, il fait l’objet d’un chapitre entier intitulé "Le Proche et Moyen Orient, un foyer de conflits depuis 1918". Programmé au printemps pour une durée d’un mois, ce chapitre provoque souvent des tensions en classe.

"Dès qu’il sera question du Proche-Orient, nécessairement dans certaines classes, vous aurez des réactions violentes, des partis pris", témoigne Iannis Roder, professeur en Seine Saint-Denis.

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"La passion étant ce qu’elle est dans ce Proche-Orient"

Le ministère de l’Education recommande bien de prendre des précautions. Ainsi, si on diffuse un film en classe, prière de faire dans le consensuel en choisissant par exemple le film d’animation Persepolis.

Pourtant, Iannis Roder n’est pas sûr que cela suffise à apaiser les esprits : "on pourra passer tous les gentils films que l’on veut, l’actualité étant ce qu’elle est et la passion étant ce qu’elle est dans ce Proche-Orient en feu, nos élèves ne sont pas épargnés par cela et ils ne nous épargneront pas".

"Être absolument sûr de son savoir"

Éviter le matériel pédagogique polémique ne suffit pas. Le ministère de l’Education nationale recommande également de bien s’intéresser à tout le contexte depuis 1918 et pas seulement au conflit israélo-palestinien. Une recommandation que reprend à son compte l’association des professeurs d’histoire.

Son président, Hubert Tison, conseille ainsi de choisir avec grand soin les mots employés devant les élèves. "Le professeur doit garder une grande neutralité mais en même temps être absolument sûr de son savoir. Par exemple, quand on dit qu’il existe des arabes chrétiens, il y a toujours des interpellations d’élèves. C’est comme quand on dit que les Turcs ne sont pas des Arabes, c’est la même chose", détaille-t-il. S’il est un chapitre que les professeurs sont invités à  préparer méticuleusement, c’est bien celui-là.