Rédaction sur le suicide : le prof suspendu

Des parents de collégiens en Charente se sont émus du sujet de rédaction donné par le professeur de français.
Des parents de collégiens en Charente se sont émus du sujet de rédaction donné par le professeur de français. © Maxppp
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avec Walid Berrissoul , modifié à
Des parents s'étaient indignés après avoir découvert le thème d'un devoir sur le suicide.

Peut-on tout faire écrire à des collégiens de classe de 3ème ? Des parents d'élèves d'un collège de Montmoreau, en Charente, se sont émus d'un sujet de rédaction donné à leurs enfants, rapporte La Charente Libre lundi. Le professeur leur demandait de se mettre dans la peau d'un adolescent suicidaire. Il a été suspendu.

"Vous avez décidé d'en finir avec la vie"

"Vous venez d'avoir 18 ans. Vous avez décidé d'en finir avec la vie. Votre décision semble irrévocable. Vous décidez dans un dernier élan de livrer les raisons de votre geste. En dressant votre autoportrait, vous décrivez tout le dégoût que vous avez de vous-même. Votre texte retracera quelques événements de votre vie à l'origine de ce sentiment". Voilà le sujet de la discorde donné à la fin du mois d'octobre.

Les élèves n'en avaient pourtant pas parlé autour d'eux. La mère de l'un des élèves concernés est tombée des nues en voyant la copie de son fils corrigée. Le commentaire ajouté à côté de la note indique : "pas assez précis". "Encore heureux !"ironise-t-elle.

"Je ne comprend la démarche pédagogique du professeur"

Les parents regrettent notamment qu'aucun débat sur le suicide n'ait encadré cet exercice. "Un sujet comme ça, c'est quasiment de l'incitation !", dénonce président des parents d'élèves FCPE de Montmoreau. "A un moment où l'on parle de harcèlement sur les réseaux sociaux, je ne comprend quelle a été la démarche pédagogique du professeur", s'est de son côté alarmé George Tritz, vice-président de la FCPE dans le département, interrogé par Europe 1. Les parents d'élèves ont pu rencontrer le professeur il y a quelques jours au collège. Mais les réponses de l'enseignant ne les ont visiblement pas satisfaits.

Certains parents ont donc écrit, anonymement, à la direction de l'établissement et à l'inspection académique. "Nous sommes révoltés que l'on puisse proposer ce genre de sujet à des enfants qui ont entre 13 et 14 ans", écrivent ces parents d'élèves. "Quel va être le prochain sujet ? 'Que ressentez vous lorsque vous vous piquez ?' On aimerait comprendre", concluent-ils.

"L'enseignant aura des explications à fournir"

L'inspection académique a suspendu l'enseignant mis en cause à titre conservatoire, en attendant de pouvoir consulter une copie d'élève pour vérifier la formulation l'intitulé du sujet. Le professeur est d'ailleurs convoqué lundi après-midi par Jean-Marie Renaud, le directeur des services départementaux de l'Education nationale. "Ce n'est pas un sujet tabou mais il est sensible. Il faut l'aborder de façon intelligente, c'est-à-dire qu'il puisse être entendu par les élèves et qu'il puisse les faire avancer et contribue à leur éducation", estime-t-il sur Europe 1. "Si le sujet était bien celui-là, l'enseignant aura des explications à fournir."