"Que l’Etat laisse les automobilistes tranquilles !"

Me Eric de Caumont montre que certaines propositions de Matignon sont juridiquement intenables.
Me Eric de Caumont montre que certaines propositions de Matignon sont juridiquement intenables. © MaxPPP
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avec Pierrick Fay , modifié à
Un avocat démonte les propositions faites par Matignon en matière de sécurité routière.

Un comité interministériel, réuni mercredi autour de François Fillon, a annoncé des mesures-choc pour réduire le nombre de tués sur les routes. Vitesse, alcool, portable : autant d’infractions qui seront plus durement réprimées.

Invité d’Europe 1 Soir, Me Eric de Caumont, avocat spécialisé dans la défense des automobilistes, souhaite que le gouvernement "laisse les automobilistes tranquilles". Il démonte, juridiquement, deux des pistes principales. Et il insiste : toutes ces mesures doivent être validées par les parlementaires avant de pouvoir entrer en application.

L’alcool au volant. Conduire avec 0,8 g/l de sang entraînerait le retrait de 8 points de permis. Pour Me Eric de Caumont, cette mesure n’aurait "aucun effet sur les jeunes permis", qui n’ont que 6 points. "Dans l’esprit du gouvernement, conduire en ayant bu trois verres est donc beaucoup plus grave qu’un délit de fuite, qu’un refus d’obtempérer, ou qu’un accident mortel" qui ne coûtent, eux, que 6 points. "Je ne comprends pas la logique", a fustigé le juriste.

Enfin, selon l’avocat, cette mesure ne "risque pas de changer le comportement" des automobilistes. "La personne qui roule bourrée s’en fout de perdre deux points de plus ou de moins, puisqu’elle risque trois ans de suspension ou d’annulation de permis, 4500 euros d’amende, et deux ans de prison".

Avec les radars, "6 à 800 millions de bénéfices par an"

Les avertisseurs de radars interdits. Les panneaux indiquant la présence de radars fixes seraient supprimés et les cartes d'implantation des radars ne seraient plus rendues publiques. L’avocat a accusé le gouvernement de vouloir se faire de l’argent sur le dos des automobilistes. "L’Etat tombe le masque. [...] On nous avait vendu les radars en disant ‘ce n’est pas de la répression, c’est pour votre sécurité’". Mais, selon Me Eric de Caumont, les radars rapportent à l’Etat "600 à 800 millions de bénéfices par an".

Concernant l’interdiction des avertisseurs de radars, l’avocat estime qu’elle n’est pas juridiquement tenable : "il y a l’Europe, il y a la libre communication", argue-t-il. "Je vois un radar je vous téléphone, je vous dis attention il y a un radar, on va me couper la main pour ça ? Soyons sérieux", s’est-il exclamé sur Europe 1.

Par ailleurs, même si la mesure entrait en vigueur, ça "ne changerait pas grand-chose", avance l’avocat : "tous les GPS ont la base des radars, avec laquelle vous savez où est le radar bien avant le panneau".