Protection de l'enfance : des lacunes

Les Assises nationales de la protection de l'enfance s'ouvrent lundi au Mans, en hommage à Marina, morte sous les coups de ses parents en 2009.
Les Assises nationales de la protection de l'enfance s'ouvrent lundi au Mans, en hommage à Marina, morte sous les coups de ses parents en 2009. © MAXPPP
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Eve Roger et , modifié à
INFO E1 - Selon une enquête, 1 enfant placé sur 2 a souffert du maintien des liens avec sa famille.

L'INFO. Elle était le souffre-douleur de ses parents. Marina, 8 ans, est morte en septembre 2009 au Mans sous leurs coups répétés. Malgré plusieurs signalements de maltraitance, les dispositifs de protection de l'enfance n'avaient pu éviter le drame. Afin de repérer les failles du système français, l'Observatoire nationale d'Action sociale (ONDAS) a réalisé une enquête auprès de 400 adultes qui avait été pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance dans le passé. Europe 1 a eu accès en avant-première à ce travail, alors que s'ouvrent lundi au Mans, en hommage à la fillette, les Assises nationales de la protection de l'enfance.

Une enfance chaotique. Ils risquaient de mourir sous les coups de leurs propres parents. Si ces hommes et ces femmes qui ont répondu à l'enquête ont évité le pire, c'est au prix d'une enfance chaotique. 62% d'entre eux disent avoir souffert de trop nombreuses ruptures dans leur parcours, ballottés d'un lieu de vie à l'autre, entre foyers et familles d'accueil.

Ils sont 60% à dénoncer un manque d'empathie de nombreux professionnels, tant chez les magistrats que chez les éducateurs. Ils sont  encore plus nombreux, 64%, à s'être sentis abandonnés à leur majorité. Enfin, plus étonnant, près d'un sur deux sur deux dit avoir souffert du maintien des liens avec sa famille d'origine.

"Ça ne peut pas fonctionner". Estéban, aujourd'hui adulte, a été placé dans une famille d'accueil dès l'âge de 18 mois. Il ne supportait pas d'être obligé d'aller passer tous les week-ends chez sa mère biologique, comme il l'a confié au micro d'Europe 1. "Quand je rentrais de chez ma mère à Marseille, j'étais déstabilisé. Mes notes baissaient", se souvient-il."On ne sentait pas en sécurité. On s'est retrouvé une fois en garde à vue parce que ma mère avait volé quelque chose", raconte-t-il.

Pour Estéban, pas de doute : "quand on vit autrement parce que la famille d'accueil nous fais grandir d'une autre manière, ça ne peut pas fonctionner". Une réflexion est en cours au ministère de la famille pour faire évoluer cette pratique. En France, en 2013, 300.000 enfants sont suivis par la Protection de l'enfance.