Prison pour mineurs : situation explosive à Villeneuve-Lès-Maguelone

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avec AFP , modifié à
Le contrôleur des prisons a saisi en urgence l'administration sur la condition des mineurs de cette maison d'arrêt de l'Hérault. Une fois de plus.

INFO. C'est la quatrième fois en près de six ans que le contrôleur général des lieux de privation et de liberté (CGLPL), Jean-Marie Delarue, saisit en urgence les autorités. La dernière fois, c'était en 2012, quand les conditions de détention de la prison des Baumettes avaient attiré son attention. Aujourd'hui, le contrôleur général alerte les autorités sur la situation des mineurs de la maison d'arrêt de Villeneuve-Lès-Maguelone, dans l'Hérault. Il y pointe notamment de "graves" violences.

Des "violences graves" probablement sous-estimées. Jean-Marie Delarue commence son rapport en dénonçant les "difficultés importantes" rencontrées par son service pour obtenir "les informations nécessaires à l'établissement des faits". Ainsi, "tels qu'ils ont pu être établis, c'est-à-dire très vraisemblablement sous-estimés, les constats de violences qui s'y déroulent sont graves", écrit le contrôleur.

La cour de promenade, lieu à haut risque. "L'essentiel de ces violences a lieu hors des cellules, lors des déplacements et dans la cour de promenade", constate Jean-Marie Delarue qui a relevé vingt-quatre violences graves dans la cour entre le 1er janvier 2013 et le 11 février 2014. "Parmi les agressions, neuf (plus du tiers) impliquent des enfants arrivés la veille ou l'avant-veille", détaille le contrôleur. Il évoque "un rite de passage" et constate qu'à une exception près "aucune plainte" n'a été déposée.

Aucun effort malgré de précédentes recommandations. Face à cela, "le personnel pénitentiaire apparaît démuni", "les procédures d'intervention des surveillants lourdes et lentes" tout comme "les procédures disciplinaires", poursuit Jean-Marie Delarue. "Les soignants qui ont à connaitre des effets de violence ne souhaitent pas être liés à d'éventuelles suites judiciaires. Les enquêtes se heurtent au silence des victimes et de leurs parents", déplore-il, constatant une forme de "résignation". "Ce sentiment ne peut être admis", tonne le contrôleur général.  Il qui regrette ainsi "qu'aucun effort" n'ait "été entrepris" dans cette maison d'arrêt depuis ses observations de 2009 qui faisaient déjà état de "cours de promenade abandonnées aux détenus".

Prendre en charge les "enfants en souffrance". Dans ses recommandations, Jean-Marie Delarue réaffirme la nécessité de "procédures d'intervention beaucoup plus promptes", d'"une éducation au respect mutuel" et d'une prise en charge des "enfants en souffrance". Il évoque aussi l'établissement de "liens de confiance avec les familles", la "nécessité de placer les auteurs d'agressions devant leurs responsabilités". Enfin, il souligne l'importance des signalements des médecins ainsi que  des poursuites judiciaires.

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