Prévenir le harcèlement à l’école

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avec Noémie Schulz , modifié à
De nouvelles pistes sont présentées cette semaine. La prévention devrait être mise en avant.

Insulte, rumeur, vol de goûter, menace, voire racket ou violence sexuelle… L'Observatoire international de la violence à l'école rendait publique le 28 mars dernier une étude inquiétante : 11,7% des enfants scolarisés se disent harcelés. Un mois plus tard, c’est au tour de ses spécialistes de proposer des pistes pour lutter contre le harcèlement à l’école.

Eric Debarbieux, directeur de l'Observatoire international contre la violence à l'école, rend publique cette semaine une série de préconisations. Parmi celles-ci, la prévention occupe une place prépondérante. Europe 1 s’est rendu dans un établissement qui expérimente de nouvelles méthodes pour traiter le mal à la racine.

De la difficulté à faire parler les élèves

Direction le collège Jacques Prévert, à Noisy le Grand, en Seine-Saint-Denis. Dans une classe de sixième, 25 élèves sont assis en cercle autour d'une femme, la conseillère principale d'éducation (CPE). Cette dernière est chargée de mener les débats et utilise le tableau noir de la classe pour lancer l’atelier. Objectif : libérer la parole.

Pour lancer la discussion, la CPE écrit le mot harcèlement au tableau puis les élèves doivent venir noter ce que cela leur évoque.

 

 

Ce qui est surprenant, c'est que tous les élèves savent qu'on parle de violence mais, à ce stade, la parole n'est pas encore libérée. Une vidéo est alors projetée, ce sont de vrais témoignages d'enfant harcelés. Silence dans la classe.

Sophie Corbit, la conseillère principale d'éducation fait alors de la pédagogie. "Le harcèlement, ce sont des moqueries, des insultes, voire on se fait frapper, et cela se répète tous les jours, tous les jours", explique-t-elle, avant d’insister sur le rôle des enfants témoins de tels harcèlements. "Le public a sa responsabilité. On ne doit pas participer, on ne doit pas rigoler à ce genre de blague", conseille-t-elle.

"On m’a traité d’éléphant"

Au bout d'une demi-heure, deux élèves osent enfin prendre la parole. Par exemple, une petite fille raconte, très simplement, les moqueries quotidiennes.

"On m’a traité que j’avais des cuisses de mammouth", témoigne-t-elle :

 

 

En fin de séance se dégage l’impression qu’un verrou psychologique a sauté : les enfants se libèrent et parlent. Ils sont d’ailleurs nombreux à se reconnaître dans le rôle de ceux qui observent ces petits harcèlements quotidiens, sans rien dire.

"Moi, ça me fait rire, mais après cette séance, je me rends compte que ça peut m’arriver à moi", témoigne une autre élève, avant d’ajouter : "il faut que je me mette à sa place".

"Il faut aller voir la personne, arrêter de rigoler", poursuit-elle :

 

 

Une expérimentation à généraliser ?

Ces ateliers de prévention ne sont pour l’instant qu’expérimentales mais elles semblent être très efficaces. En Grande-Bretagne où chaque école, chaque collège doit mettre en place une politique de lutte contre les brimades entre élèves, les cas de harcèlement ont été divisés par deux en vingt ans. Autre piste : favoriser une meilleure formation des professeurs pour non seulement mieux déceler les cas de harcèlement mais aussi pouvoir informer les élèves et permettre de libérer la parole.

Prochaine étape, les assises nationales sur le harcèlement à l'école, organisées les 2 et 3 mai à Paris. Le ministre de l’Education, Luc Chatel, promet une "politique volontariste et complète" et doit annoncer une série de mesures.