Pompiers : "l'omerta a été brisée"

Une association va être créée afin de supprimer des pratiques de bizutage dégradantes.
Une association va être créée afin de supprimer des pratiques de bizutage dégradantes. © MAXPPP
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avec Guillaume Biet , modifié à
L'avocat des sapeurs-pompiers annonce la création d'une association pour prévenir le bizutage.

Est-ce "la" solution ? L'avocat des sapeurs-pompiers de Paris ayant porté plainte après un bizutage dans un bus le 6 mai dernier, Me Nicolas Cellupica, a annoncé lundi la création prochaine d'une association en vue d'éradiquer ce type de pratiques "honteuse".

Après avoir lancé, vendredi, un appel à "briser la loi du silence", Me Nicolas Cellupica a salué le courage du plaignant pour avoir "brisé cette omerta". Et pour cause, l'avocat assure avoir reçu de très nombreux témoignages de pompiers "qu'ils soient encore en service ou qu'ils se soient reconvertis". Il a ainsi reçu l'appel d'un homme qui a gardé le silence pendant 28 ans. Celui-ci lui a expliqué avoir démissionné à 19 ans, quelques mois seulement après avoir été engagé, après un bizutage traumatisant.

Vaincre la pression psychologique

Pour Me Cellupica, ces victimes subissent une "pression psychologique absolument phénoménale". Une contrainte qui serait à chercher aussi bien du côté des supérieurs que de celui des "camarades" de la Brigade des sapeurs-pompiers parisiens (BSPP). Me Cellupica rappelle ainsi que mardi dernier, avant leur mise en garde à vue, l'équipe de gym qui avait anticipé les auditions du lendemain, s'était réunie et avait fait passer le mot d'ordre : "il faut sauver l'équipe". "Ces gens-là n'arrivent même pas à être responsables des actes honteux qu'ils ont commis", s'indigne-t-il. "C'est scandaleux", ajoute-t-il.

Me Cellupica s'indigne encore de l'absence totale de réaction de la part de hiérarchie. Ayant visionné une vidéo des faits prises à l'aide d'un téléphone portable, l'avocat parle d'une "foule de personnes en liesse, telles les pires scènes d'horreur". Et d'ajouter que la hiérarchie est restée "totalement impassible". "Elle ne fait absolument rien, elle ne bouge pas à l'avant du bus", poursuit-il.

"Je les soutiens"

C'est pourquoi, Me Cellupica juge essentielle la création d'une association "pour dire stop à ce genre d'agissements et de barbaries" au sein de la BSPP. Objectif : arrêter des bizutages "indignes pour la personne humaine". Ils demandent également que des formations soient effectuées à l'école des pompiers de Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne, afin qu'il y ait une sensibilisation à de tels "actes honteux". "C'est un vrai combat qu'ils vont mener et je les soutiens bien entendu", a-t-il précisé.

L'avocat d'une jeune fille, qui a accusé des pompiers de Paris de l'avoir violée entre 2008 et 2010, va demander au juge en charge de ce dossier de réaliser des vérifications pour "voir s'il peut être établi un lien" avec cette affaire.