Paul François : Monsanto a "menti" (E1)

  • Copié
avec Guillaume Cahour , modifié à

Alors que le tribunal de grande instance de Lyon doit décider lundi s'il juge Monsanto responsable de l'intoxication au Lasso de Paul François, l'agriculteur charentais souffrant de graves troubles neurologiques a affirmé sur Europe 1 être "lucide" sur le délibéré.

"Je suis impatient d’avoir ce délibéré tout en étant très lucide. Si vous regardez l’amiante, les premiers jugements n’ont pas toujours été très favorables. Aujourd’hui, je ne suis pas pessimiste mais je n’attends pas une réponse qui sera forcément favorable. De toute façon, ce n’est qu’une étape", a insisté l'agriculteur qui avait inhalé ce pesticide en 2004.

"J’ai engagé ce combat parce que je suis persuadé aujourd’hui que les firmes nous ont menti pendant 30 ans. Elles nous ont menti en cachant la réelle dangerosité de ces produits. Elles faisaient de la vulgarisation de ces produits avec des campagnes d’affichage professionnelles. On voyait les agriculteurs préparer les mélanges à bras nus", a déploré Paul François.

L'agriculteur intoxiqué en 2004 en voulant nettoyer une cuve qu'il pensait vide, évoque "un accident stupide". "J’ai inhalé des vapeurs qui étaient même devenues un gaz. Je n’aurais pas lancé la procédure contre Monsanto si je n’avais pas découvert que la firme aurait dû nous signaler qu’il y avait un risque. Certes, j’aurais du avoir un masque. Mais même avec un masque, les experts ont été formels, ça n’aurait pas suffit", a expliqué l'agriculteur.

"Monsanto savait très bien et on en a apporté la preuve au tribunal. Depuis le début des années 80, certains scientifiques, dans certains pays avaient mis en avant la dangerosité de ce produit. Chez nous, il a été retiré en 2007 parce que trop dangereux pour les utilisateurs", a ajouté Paul François.

Aujourd'hui, l'agriculteur ne travaille plus qu'à mi-temps sur son exploitation. "J'ai la chance de pouvoir encore parler. J'ai des collègues qui sont morts ces derniers mois. En leur nom, je dois dénoncer ce comportement des firmes", a conclu Paul François.