Pas de médicaments dans les supermarchés

© MAXPPP
  • Copié
Sophie Amsili avec Ariane Lavrilleux , modifié à
La ministre de la Santé a rejeté la proposition de l'Autorité de la concurrence.

La proposition. Pourra-t-on bientôt acheter son aspirine au supermarché ? Il n'y a pas de projet de loi dans les cartons, mais un nouveau rapport de l'Autorité de la concurrence le préconise. Comme la commission Attali en 2008, l'organisme recommande de libéraliser le secteur des médicaments non remboursables pour que ces derniers soient aussi commercialisés dans les rayons des grandes surfaces. Ce serait une nouvelle révolution pour le secteur, après celle qui commence vendredi, avec le début de la vente de médicaments sur les sites Internet des pharmacies.

Mais la ministre de la Santé Marisol Touraine a rejeté cette proposition vendredi. "L'hypothèse d'une vente des médicaments, même non soumis à prescription obligatoire, en grande surface, n'est pas envisagée par le gouvernement", a-t-elle déclaré.

Pourquoi des médicaments en rayon ? La vente de médicaments en France, monopole des pharmacies, est soumise à des "points de blocage" qui empêchent une véritable baisse des prix, juge l'Autorité de la concurrence. Celle-ci met en cause "un certain nombre de pratiques de la part des laboratoires pharmaceutiques". Résultat, le prix des médicaments non remboursables, qui est fixé librement, varie fortement d'une pharmacie à l'autre, "de 1 à 4 selon les officines".

Une ouverture partielle du monopole des pharmacies "permettrait aux consommateurs de bénéficier de tarifs plus attractifs pour leurs achats de médicaments d'automédication", argumente l'Autorité de la concurrence.

14.09.Sante.pharmacie.medicament.Maxppp.460.140

Une "incitation à la consommation" ? Cette proposition est un non-sens, tempête Gilles Bonnefond, président du syndicat majoritaire des pharmaciens d'officines USPO : "on dit qu'en France, on consomme trop de médicaments et en même temps, des gens expliquent qu'il faut [les] mettre dans le lieu où tout est fait pour surconsommer : la grande distribution. Votre pharmacien vous connaît bien, il vous conseille des médicaments compatibles avec vos traitements et il ne vous pousse pas à la consommation, c'est ça qui est important", peste-t-il.

>> LIRE AUSSI : Médicaments : les Français toujours accros mais...

Même acheter du paracétamol en supermarché est risqué, souligne le pharmacien. "Les conditionnements dans les pharmacies sont très limités, à 8 comprimés. Quand ces médicaments se retrouvent en grande surface, on voit des conditionnements de 100 comprimés." De quoi pousser à la consommation. Or, "le paracétamol est un médicament", rappelle-t-il. "Ça peut provoquer une insuffisance rénale. Il doit être utilisé dans de bonnes conditions et avec les conseils d'un professionnel de santé."

"C'est pour ça que les médicaments sont réservés aux pharmacies", résume Gilles Bonnefond. "Pas pour protéger un marché mais simplement parce qu'on sait que si c'est mal utilisé, ça peut être grave."