Parkinson, maladie professionnelle chez les agriculteurs

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Les agriculteurs pourront être indemnisés selon des conditions bien précises.

"On ne pourra plus dire maintenant, on ne savait pas". La phrase est signée Paul François, président de l'association Phytho-Victimes, qui vient en aide aux agriculteurs victimes de la maladie de Parkinson. Le lien entre cette maladie et l'utilisation de pesticides par les professionnels est désormais reconnu grâce à un décret entré en vigueur jeudi.

Ce décret, signé du ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, classe cette pathologie neurodégénérative comme maladie professionnelle pour les salariés agricoles. "Cela va faciliter les démarches des malades, qui pour l’instant se voyaient opposer un refus de prise en charge par la mutuelle agricole dans quatre cas sur cinq", se félicite Paul François, cité par 20 Minutes.

Des conditions d'indemnisation bien précises

Les malades pourront ainsi se tourner vers leur mutuelle, généralement la MSA, pour constituer un dossier. Si le lien entre leur activité professionnelle et la maladie est clairement établi, les agriculteurs pourront se faire rembourser leurs soins et être indemnisés.

Les agriculteurs peuvent toutefois être indemnisés selon des conditions bien précises. Ils doivent en effet avoir été exposés au moins 10 ans aux pesticides et d'un certain taux d'incapacité, à savoir au moins 25%. Les victimes doivent également avoir déclenché la maladie dans un délai d'un an après l'arrêt de l'exposition, précise RTL.

Alerter les autres agriculteurs

Selon Yves Cosset, médecin du travail national adjoint à la Mutuelle de la santé des agriculteurs (MSA), interrogé par Le Monde, vingt cas ont été recensés par les comités de reconnaissance des maladies professionnelles en dix ans. Mais Paul François est convaincu qu’un plus grand nombre de paysans est atteint : "on constate une recrudescence de la maladie de Parkinson, en particulier chez les jeunes", remarque-t-il. L'association Phyto-Victimes espère que ce décret va permettre à certains agriculteurs de faire le lien entre l’usage de pesticides et leurs troubles.

Lui même victime de la maladie de Parkinson à la suite d'une intoxication au Laxo, Paul François estime que les entreprises qui fabriquent les pesticides devraient prendre leur part de responsabilité, rapporte 20 Minutes. "Il faudrait demander aux fabricants de mettre la main à la poche", préconise le président de l'association Phyro-Victimes. L'agrochimiste Monsanto, condamné pour l'intoxication de Paul François, avait défendu devant le tribunal de Lyon que ces produits n'étaient pas dangereux à condition de respecter des doses prescrites.