Paris : la manif pro-palestinienne officiellement interdite, mais...

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LE RECOURS - Les organisateurs du rassemblement pro-palestinien prévu samedi ont décidé de déposer un recours devant un juge administratif qui pourrait bien leur donner raison.

L'incertitude plane sur la tenue de la manifestation pro-palestinienne, prévue samedi à Paris. Alors que la préfecture de police de Paris a interdit officiellement vendredi l'organisation de la manifestation, les organisateurs, eux, ont déposé un recours devant la justice. Une détermination qui laisse craindre de nouveaux débordements, après ceux survenus dimanche, aux abords d'une synagogue rue de la Roquette.

Ce qui est prévu samedi. Plusieurs groupes de soutien aux Palestiniens, comme le NPA, ou encore une douzaine de mouvements et d'associations considérées comme radicales par les autorités, ont prévu de se réunir samedi. Leur mot d'ordre : "le soutien total et inconditionnel à la résistance palestiniennes sous toutes ses formes". La manifestation doit débuter samedi à 15 heures, au départ de Barbès et jusqu'à la place de la Bastille.

Le parcours est donc similaire à celui de dimanche dernier. Et les autorités craignent ainsi de nouveaux débordements. D'autant plus que deux synagogues se trouvent à proximité de la place de la Bastille. C'est justement là-bas, que des heurts avaient éclaté entre des manifestants et des membres de la Ligue de défense juive (LDJ), un groupuscule d'extrême-droite, connu pour sa violence.

Manifestation en soutien aux Palestiniens à Lyon

Qu'en pensent les deux "camps" ? Et une semaine après, la tension reste vive des deux côtés, notamment sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, de nombreuses pages ont été crées pour appeler à la mobilisation samedi. L'une des plus populaires dénombre 7.000 participants. Et les dérapages ne se sont pas fait attendre. Mercredi plusieurs personnes ont témoigné sur Facebook leur volonté de "casser du juif" samedi. Un appel à la haine qui circule également sur Twitter. Et qui a suscité l'indignation de la communauté juive, et plus particulièrement celle de la LDJ, qui entend riposter avec violence. "On répondra (aux débordements, ndlr) de la manière la plus forte et violente possible", a menacé un de ses leaders. 

Les raisons de la procédure d'interdiction. Face à ce climat de tension, Bernard Cazeneuve a appelé les préfets à la plus grande vigilance. "Dans le contexte, j'ai demandé aux préfets de regarder au cas par cas" les manifestations prévues à cet égard, a réagi le ministre de l'Intérieur sur Europe 1. Pour "celle de demain (à Paris, ndlr), je considère que les conditions ne sont pas réunies pour qu'elle se déroule dans des conditions qui garantissent la sécurité", a-t-il indiqué, prônant implicitement son interdiction.

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De son côté la préfecture de police de Paris a engagé une procédure d'interdiction mercredi qui, selon les informations d'Europe 1, a été confirmée vendredi midi. Cette décision a été motivée "au vu des risques graves de trouble à l'ordre public qu'engendrerait" cette manifestation "dans un contexte de tension accrue", précise la préfecture de la police de Paris.

Des recours possibles ? Face à l'officialisation de l'interdiction, les organisateurs ont décidé d'adresser un recours d'urgence devant le juge administratif. "Nous faisons une procédure d'urgence auprès du tribunal administratif. Et demain, de toute façon, des centaines et des milliers de personnes vont se réunir", assure Alain Pojolat, membre du NPA, interrogé par Europe 1. Le magistrat peut alors annuler l'interdiction de manifester, dans un délai de quelques heures. Au nom de l'atteinte aux libertés fondamentales, comme c'est le cas pour le droit de manifester, le juge pourrait bel et bien autoriser la manifestation.

Pour ces raisons, l'interdiction de manifester constitue une mesure très rare. "Sur les 7000 évènements à Paris en 2013, s'il y a eu plus d'une dizaines d'interdictions, ce serait déjà étonnant. La préfecture de police respecte en général le droit fondamental à manifester", observe Stanislas Gaudon, membre du syndicat de police Alliance, en charge de la sécurité publique, interrogé par L'Express.

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L'idée d'un compromis pour apaiser les tensions. La solution reste peut-être dans le compromis. La préfecture pourrait en effet accepter la manifestation si les organisateurs acceptent d'en changer le parcours. La proximité de la place de la Bastille (lieu de fin de la manifestation) avec de nombreuses synagogues a motivé la procédure d'interdiction. Le rassemblement pro-palestinien de mercredi a d'ailleurs été autorisé. Sans doute parce qu'il s'agissait d'une manifestation statique située aux Invalides.