PIP : la stérilisation pointée du doigt

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avec Nathalie Chevance , modifié à
- Un ancien cadre, qui travaillait pour un sous-traitant de PIP, accuse.

Nouvel élément dans le scandale des implants mammaires de la société  Poly Implant Prothèse (PIP). Selon un ancien ingénieur de la société MXM, qu’a rencontré Europe 1, la stérilisation de certaines prothèses PIP dont MXM avait la charge n’aurait pas été réalisée en respectant les protocoles. Ce que la direction de la société MXM dément formellement.

Chez MXM, laboratoire basé dans le pôle scientifique de Sophia Antipolis, dans les Alpes-Maritimes, la chaîne de stérilisation se serait ainsi arrêtée parfois au bout de 14 ou 15 heures, alors que 18 heures sont nécessaires, indique l'ancien cadre interrogé par Europe 1. Un homme qui est aujourd'hui en procès avec son ancien employeur.

"Le directeur de l'époque falsifiait les documents"

L'ingénieur interrogé par Europe 1 met en cause des machines "vétustes" qui "tombaient régulièrement en panne" et qui "fuyaient à cause de la rouille". Selon lui, le processus de stérilisation, la dernière étape de fabrication, juste avant l’implantation chez la patiente, n'allait pas à son terme. Ce qui n'empêchait pour autant pas la commercialisation des produits.

"Plutôt que de refaire une stérilisation, le directeur de l'époque préférait sortir ces implants de l'unité de stérilisation. Il falsifiait les documents afin que PIP puisse vendre ces prothèses", a assuré cet ingénieur. "Il était constaté que le gel de silicone n'était plus conforme à ce qu'il était à l'origine. Malgré tout, c'était envoyé à PIP parce que cette société avait besoin de ses implants pour assurer ses volumes de ventes", dénonce-t-il.

MXM rejettes ces accusations

La société MXM rejette pour sa part catégoriquement ces accusations. Reste que ces faits avaient été signalés auprès des gendarmes dès le 10 août 2009 par un autre cadre de la société. S'ils étaient avérés, ils  pourraient être lourds de conséquence car l'implantation de prothèses mal stérilisées peut être la cause d’infection ou de rejet.

Pour Me Gaudon, qui défend plusieurs victimes de prothèses PIP, ces nouvelles révélations sont une source d'angoisse supplémentaire. "C'est effarant de voir à quel point notre système de santé est défaillant à tout point de vue", a-t-il confié au micro d'Europe 1. "On a un système français qui est à revoir de bout en bout. A tous les étages il y a un problème", estime-t-il.

Déjà 2.400 plaintes enregistrées

Une information judiciaire pour "homicide involontaire et blessures involontaires" a été ouverte le 8 décembre par le parquet de Marseille contre la société Poly Implant Prothèse (PIP). Mercredi, la juge d'instruction Annaïck Le Goff s'est rendue dans les locaux de PIP. Elle en est repartie avec une pile de dossiers.

Parallèlement, une enquête préliminaire a été ouverte pour des faits de "tromperie aggravée" dont devront répondre les principaux cadres de la société.  Le cap des 2.400 plaintes de porteuses d'implants mammaires PIP a été franchi dans cette enquête.