Où en est le plan Alzheimer ?

Mercredi, Journée mondiale contre Alzheimer
Mercredi, Journée mondiale contre Alzheimer © MaxPPP
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Hélène Favier , modifié à
Europe1.fr a tenté de dresser un premier bilan du plan Alzheimer, lancé en 2008 par Sarkozy.

"Pas mal, mais peut encore mieux faire".  A l'occasion de la 18e Journée mondiale contre la maladie, les professionnels de Santé reconnaissent que le plan Alzheimer, lancé en 2008 par l’Elysée, a considérablement amélioré l’accès aux soins des familles touchées par la pathologie. Ils estiment toutefois que ce plan est encore "perfectible".

"Il y a de bonnes choses, mais d’autres sont encore sujettes à questions", résume ainsi Olivier de Ladoucette, président de la Fondation IFRAD, organisme privé qui soutient la recherche. "Le plan Alzheimer est certes très envié à l’étranger, mais les objectifs à atteindre sont encore énormes", assure-t-il rappelant les enjeux de la maladie. En France, plus de 800.000 personnes sont atteintes. Dans 15 ans, les professionnels estiment qu’il y aura deux fois plus de patients, "cela représente deux fois la taille d’une ville comme Marseille", compare le professeur, interrogé par Europe1.fr.

Les réussites du plan

Alzheimer a, longtemps, été une maladie tabou. "Les familles taisaient cette pathologie. Aujourd’hui, il y a plus d’aisance à aller vers les soins", explique à Europe1.fr Olivier de Ladoucette, estimant que le plan Alzheimer a déjà l’intérêt d’avoir rendu la maladie plus visible.

Autre réussite du plan : la galaxie des soins est désormais plus accessible grâce à la mise en place des MAIA, des maisons d'autonomie, sorte de ''guichet unique'' pour le malade d'Alzheimer et sa famille. "Cette structure, expérimentale, est encore trop peu répandue et mal structurée. Mais, elle a le mérite de s’adresser à toute la famille, puisqu’Alzheimer est une maladie qui touche toute la famille", précise encore le président de l’IFRAD. Pour résumer : les MAIA ont beaucoup facilité l’organisation du parcours du patient (trouver des structures de repos, des accueils de jour, etc.)

Enfin, la recherche a bénéficié depuis 2008 de 140 millions d’euros répartis sur 125 projets."La recherche, c’est le grand succès de ce plan", renchérit sur Europe1.fr, Joël Ménard, qui avait mené, en 2007, la commission Alzheimer. Selon lui, "la France a pris une position de leadership sur la génétique de la maladie. Des médicaments pour retarder la progression de cette pathologie doivent même passer au stade des essais 'cliniques' dans deux ans", ajoute-t-il.

Là où le plan n’a pas encore réussi

Beaucoup d’avancées ont donc été engrangées sur le front de la maladie. Mais, la France dépiste encore trop tard ses malades. En moyenne, il faut 22 mois pour diagnostiquer Alzheimer en France. Il ne faut que 12 mois en Allemagne, note l’IFRAD.

De plus, "les professionnels, pris individuellement, se plaignent également des lenteurs administratives. Pour eux, c’est trop peu et c’est trop lent", explique Olivier de Ladoucette, reconnaissant des inerties administratives, notamment de la part des instances sanitaires.

Enfin, le plan "dépendance" n’ayant pas été adopté, Alzheimer pèse encore trop sur les finances des familles. Prendre en charge un malade coûte, en moyenne, 2.000 euros par mois, dont la moitié est à la charge de ses proches.

"En résumé ce plan est perfectible, mais il doit absolument être reconduit en 2012. Les efforts ne doivent pas être relâchés", conclut Olivier de Ladoucette. Le 30 septembre prochain, Nicolas Sarkozy réunira à l'Elysée le Premier ministre François Fillon et les ministres chargés de la santé, des solidarités et de la recherche, pour faire le point sur ce plan Alzheimer.