Non, les élèves ne sont pas tous malades

Leur message : "arrêtons d'emmener nos enfants chez le médecin à la moindre difficulté scolaire." C'est le coup de gueule que poussent aujourd'hui des psychothérapeutes de l'école de Palo Alto, un courant de pensé importé de Californie.
Leur message : "arrêtons d'emmener nos enfants chez le médecin à la moindre difficulté scolaire." C'est le coup de gueule que poussent aujourd'hui des psychothérapeutes de l'école de Palo Alto, un courant de pensé importé de Californie. © Maxppp
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Anne Le Gall avec , modifié à
Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie et autres...des experts dénoncent un trop-plein de consultations.

L'appel. Leur message : "arrêtons d'emmener nos enfants chez le médecin à la moindre difficulté scolaire." C'est le coup de gueule que poussent aujourd'hui des psychothérapeutes de l'école de Palo Alto, un courant de pensée importé de Californie. En France, ils sont un millier à penser que l'on colle trop facilement des maladies sur le dos des élèves qui sortent un peu de la norme ou ont du mal à apprendre. Dyslexie, dysorthographie pour ceux fâchés avec l'orthographe, dyscalculie pour ceux qui ont du mal avec les chiffres, hyperactivité etc. de plus en plus d'élèves sont en effet suivis pour ces "problèmes".

La faute à l'Education nationale ? Et pour ces professionnels, c'est l'école qui pousse les parents dans un trop-plein de consultations médicales. "L'institutrice m'a dit que mon fils avait certainement un problème de dysorthographie transvision-attentionnelle, c'est-à-dire qu'il n'aime pas l'orthographe, la grammaire, les conjugaisons, qu'il est assez lent etc. Elle me dit qu'elle souhaiterait que je fasse un bilan orthophonique pour Tristan", confirme Marie, maman d'un élève de CM1. Il y a quelques semaines,  ce dernier a reçu un 4/20 en conjugaison et elle s'est fait convoquer par la maitresse.

Quelles alternatives aux consultations ? Perplexe, Marie n'a pas suivi les recommandations de l'institutrice. Au lieu d'aller chez l'orthophoniste, elle a simplement discuté avec son fils… et ses notes se sont améliorées. Une attitude qui doit être encouragée selon Emmanuelle Piquet, co-fondatrice du CRISS, le centre de recherche et d'interaction sur la souffrance scolaire. "Il y a dix ans, on disait d'un enfant qui avait des difficultés en mathématiques qu'il n'était pas matheux. Aujourd'hui, on dit qu'il est dyscalculique. On le traite donc comme une enfant handicapé. Moi j'appelle les parents à résister au diagnostic et de travailler sur le plan relationnel pour que les notes s'améliore", commente l'experte partie en guerre contre la médicalisation abusive des difficultés scolaires.

Ces psychothérapeutes ne nient pas l'existence de pathologies. Mais disent simplement qu'un retard en classe s'explique aussi souvent par le manque confiance en soi ou des problèmes relationnels. Autant de difficultés que l'on peut résoudre, prétendent-ils, en une ou deux séances de thérapie familiale.