Moitoiret face à la douleur de la mère de Valentin

Au deuxième jour du procès, l'accusé et la mère de la victime se sont parlé pour la première fois.
Au deuxième jour du procès, l'accusé et la mère de la victime se sont parlé pour la première fois. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Au deuxième jour du procès, l'accusé et la mère de la victime se sont parlé pour la première fois.

L'info. Ce dialogue a submergé d'émotion la salle d'audience de la cour d'appel des assises du Rhône mardi matin. Au deuxième jour de leur procès en appel pour le meurtre de Valentin en 2008, Stéphane Moitoiret et Noëlla Hego ont pu parler avec la mère de la victime. Un échange empreint de douleur du côté de Véronique Crémault et toujours marqué par un délire mystique chez Moitoiret.

"L'enfant de l'amour". La mère de Valentin se lance d'abord dans un monologue, expliquant à la cour que son fils "était l’enfant de l’amour et donc on lui avait donné le prénom de l’amour". Des confidences poignantes qui ont tiré des larmes aux jurés. "Il n’y a pas un jour sans que j’y pense. Quand je me lève le matin, je me dis : pourquoi le bon Dieu n’est pas venu me chercher cette nuit, car là-haut il doit avoir besoin de sa maman ?", poursuit-elle.

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"Je ne suis pas responsable". Puis s'engage un dialogue avec Stéphane Moitoiret. "Je sais pas quoi dire, car je suis touché par votre chagrin. J’ai perdu mon père et grand-père, je sais ce que c’est de perdre quelqu’un de proche", lui répond-il. Mais l'accusé maintient ses dénégations, toujours formulées dans les mêmes termes : "je ne suis pas responsable de la mort de votre enfant".

"Je crois au destin". "Je rêvais de cet instant, de pouvoir m'adresser à vous", le coupe Véronique Crémault. "Je veux savoir pourquoi vous avez fait ça, ça vous libérera", lui demande-t-elle. Mais elle n'obtiendra aucune réponse concrète. "Je crois au hasard, au destin", lui répond Moitoiret. "Je n’ai jamais voulu de malheur pour qui que ce soit. J’ai pas tous les mots. Dans mon raisonnement, je veux que les gens réalisent leurs rêves", poursuit-il, reprenant le fil de son délire de la veille.

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"Mon fils n'est pas Jésus Christ". "Je comprends la haine que vous avez", ajoute encore Moitoiret. "Je ne suis pas quelqu'un qui éprouve de la haine", lui rétorque, posément, la mère de Valentin. "Pour moi il y a un destin. Si vous avez étudié Jésus... Jésus savait qu'il allait mourir sur la croix", balbutie encore Moitoiret. "Je suis très catholique, mais mon fils ne méritait pas de mourir et mon fils n'est pas Jésus Christ. Je ne veux pas rentrer dans cet épilogue, Monsieur Moitoiret. Merci", rétorque Véronique Crémault, abrégeant ainsi l'échange.

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"Je n'ai pas voulu la mort de votre fils". Puis c'est au tour de Noëlla Hego de s'adresser à la mère de Valentin. "Je suis désolée pour vous, mais je n'ai pas voulu la mort de votre fils. Je n'y suis pour rien, j'étais loin de là", a-t-elle répété, la voix entrecoupée de sanglots, évoquant aussi la mort de son père et de sa soeur. "Je sais que c'est terrible pour vous", conclut-elle, avant de se rassoir sur le banc des accusés.

"C'est gentil de m'avoir parlé". "Je suis désolée pour vos proches, mais perdre un enfant comme ça, ce n'est pas logique", lui rétorque Véronique Crémault. "C'est gentil de m'avoir parlé", conclut-elle néanmoins. La scène n'aura duré que dix minutes. Dix minutes pendant lesquelles les assises du Rhône ont retenu leur souffle.