Moins de pesticides ? C'est raté

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avec Pascal Berthelot , modifié à
- Quatre ans après son lancement lors du Grenelle, il n'y a pas eu la réduction attendue.

Le seul grand engagement du monde agricole lors du Grenelle de l'Environnement en 2008 est un échec. Le plan de réduction des pesticides en France, qui prévoyait une diminution de 50% de leur utilisation d'ici 2018, "ne pourra pas être respecté avec les outils disponibles à ce jour", selon Jean-Charles Bocquet, le directeur de l'Union des industries de protection des plantes (UIPP).

Un chiffre d'affaires en hausse

Ce dernier l'a confirmé au micro d'Europe 1 : l'utilisation de pesticides est même repartie à la hausse en 2012. Pour être aussi affirmatif, il s'est appuyé sur le chiffre d'affaires des industries productrices de produits pesticides. En 2012, la barre des 2 milliards d'euros devrait être dépasser, contre 1,9 en 2011, et surtout 1,8 en 2010, année la plus basse des cinq dernières années en terme de consommation de pesticides.

"L'année 2012 a été extrêmement humide, douce. Ce climat a favorisé le développement des insectes, des maladies et des champignons. Si les agriculteurs n'avaient pas utilisé les produits de protection des cultures, ils auraient raté leur récolte", assure Jean-Charles Bocquet au micro Europe 1.

190 litres de pesticides au lieu de 120

Une affirmation confirmée sur le terrain. Bertrand P., agriculteur dans le Maine-et-Loire, a été contraint pour sauver sa moisson d'utiliser plus de pesticides et de fongicides que l'année dernière. Au lieu des 120 litres nécessaires à la sauvegarde de ses 35 hectares de blé, ce jeune agriculteur a dû en utiliser cette année 190 litres, avec une moyenne de 5 litres de pesticides par hectares au lieu de 3,5. Et il a dû effectuer un passage supplémentaire pour le traitement des champignons, et un autre pour lutter contre une invasion d'insectes. Contrairement à certains collègues, il n'a cependant pas eu besoin de traiter les mauvaises herbes sur son exploitation. Des herbicides en moins...

Ces précautions, Bertrand P. ne peut que se féliciter de les avoir prises. L'un de ses voisins, qui n'a pas effectué ces traitements supplémentaires, a perdu cette année presque la moitié de sa récolte de blé.