Meurtre de Valentin : les explications "cosmiques" de Moitoiret

Bouffi et vieilli mais surtout plus prolixe, Stéphane Moitoiret est apparu totalement différent à son procès en appel.
Bouffi et vieilli mais surtout plus prolixe, Stéphane Moitoiret est apparu totalement différent à son procès en appel. © MaxPPP
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avec Jean-Luc Boujon et AFP , modifié à
Bouffi et vieilli mais surtout plus prolixe, le meurtrier présumé est apparu totalement différent à son procès en appel.

L'info. Dans le box des accusés, "sa Majesté" Noëlla Hégo est restée imperturbable dans sa parka violette, cachée derrière ses longs cheveux. A l'autre bout du banc, "son secrétaire" Stéphane Moitoiret a, lui, bien changé depuis leur premier procès pour le meurtre de Valentin en 2008. Condamnés en première instance, elle à 18 ans de prison et lui à la réclusion à perpétuité, les deux suspects de ce meurtre sanglant sont rejugés depuis mardi. La responsabilité pénale des deux accusés est une nouvelle fois au coeur du procès mais la défense de Moitoiret semble avoir changé de stratégie.

Un homme métamorphosé. Depuis deux ans, Stéphane Moitoiret a énormément grossi. Devant la cour d'appel des assises du Rhône, il est apparu mardi serré dans une veste de jogging bleue, le visage vieilli et les yeux bouffis. Mais sa métamorphose n'est pas seulement physique.

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"Je me sens mieux". Lors du procès en première instance, Stéphane Moitoiret s'était muré dans le mutisme. Bourré de médicaments, il était resté amorphe durant tous les débats. Mardi, c'est un homme vif et réactif qui s'est présenté devant le président du tribunal et a décliné son identité d'une voix claire et intelligible. "Au premier procès, j'étais tellement malade que j'étais pas en état de parler, je me sens mieux, je suis un peu plus frais", a assuré Moitoiret. Il s'est ensuite lancé dans des explications cosmiques, évoquant ses "obligations divines", les "boîtes à voeux" - "on en a une série mais chaque personne est équipée d'une boîte à vœux plus petite, comme un ordinateur qui parle. C'est par là qu'on connaît les formules magiques données par Dieu, les obligations divines", explique-t-il -, ses nombreux "clones" - "Le corps de la femme crée le clonage du bébé, mais l'esprit est dans les spermatozoïdes" - et ses "réincarnations".

Des "vies antérieures" et une rencontre avec Jean-Paul II. Moitoiret est d'abord revenu sur son enfance, marquée par le décès de son père puis sa rencontre avec Noëlla Hégo qu'il a suivie pour des "missions divines". Puis d'un coup, il raconte comment "ses vies antérieures" lui sont revenues en mémoire en prison : "on me disait mon destin : 'un jour dans le futur, tu te retrouveras en prison et on te reprochera la mort d'un Valentin'", lance-t-il. Il assure aussi avoir "rencontré" et "discuté avec le pape Jean-Paul II au Vatican" en Italie car ils étaient hébergés dans des paroisses.

Moins de médicaments mais... Selon ses avocats, Stéphane Moitoiret prend désormais un traitement beaucoup plus léger. Leur objectif est simple : que leur client ait la possibilité de s'exprimer comme il le souhaite, en tenant sans doute des propos délirants. La défense espère ainsi appuyer la thèse de la schizophrénie de l'accusé et obtenir de la cour qu'il soit reconnu irresponsable de ses actes.

"C'est La Soupe aux choux". Me Gilbert Collard, l'avocat des parents de Valentin, a de son côté fustigé l'attitude de Stéphane Moitoiret. "J'ai l'impression d'assister à un spectacle de la Soupe aux choux. Quand, moi, je lui pose des questions, il répond de manière cohérente et soudain sa soucoupe décolle grâce à l’aérotrain de ses avocats et ça devient surréaliste", a-t-il dénoncé à l'issue de la première audience.