Médicaments : la pénurie gagne la France

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et Sébastien Krebs, avec Stéphane Barnoin , modifié à
ENQUETE - Les pharmacies se retrouvent de plus en plus confrontées à des ruptures de stocks.

Antidépresseurs, antihypertenseurs, traitements contre le cancer. Depuis plusieurs mois, la France est confrontée à des ruptures de stocks. Sur les 5.300 médicaments commercialisés en France, entre 160 et 370 sont régulièrement absents des rayons des pharmacies.

La situation s'aggrave, selon les pharmaciens

Via leur syndicat, les pharmaciens tirent la sonnette d'alarme. Et constatent une aggravation du phénomène. Depuis avril dernier, plus de 1.000 professionnels ont rapporté des problèmes d'approvisionnement dans leurs officines. Dans un cas sur trois, la rupture de stock dure plus de trois jours.

Au fil des mois, le nombre de médicaments touchés s'est aussi élargi. La pénurie touche à la fois des traitements très courants comme les médicaments contre le diabète, l'hypertension ou le cholestérol. Mais aussi des traitements vitaux pour des patients atteints du cancer ou du sida.

Josette, 73 ans, souffre de la maladie de Parkinson. Elle doit prendre un médicament 13 fois par jour. Et s'est déjà retrouvée à plusieurs reprises en difficulté. Dans le département du Puy-de-Dôme où elle réside, la première pharmacie est à 8 kilomètres, la deuxième à 30 kilomètres. La dernière fois, c'est un voisin, soumis au même traitement médical, qui l'a "dépannée".

"C'est une honte", s'emporte Josette :

A qui la faute ?

Laboratoires et distributeurs-grossistes se renvoient la balle. Les premiers peuvent connaître des difficultés de production mais ils ont aussi mis en place un système de quotas, qui limite de facto les approvisionnements. Concrètement, à la fin du mois, lorsque son quota est dépassé, un grossiste ne peut plus rien livrer aux pharmacies et ce, même si le laboratoire a bien le médicament en stock. 

Les grossistes sont, eux, accusés de vendre au plus offrant et donc à d'autres pays que la France, comme l'Italie ou l'Allemagne. Par exemple, une boîte de l'anxiolitique Temesta coûte moins de 2 euros en France contre 7 euros en Italie. Le somnifère Stilnox, coûte, lui, 3 euros contre 17 euros en Italie. Une marge qui tombe dans la poche du distributeur.