Mediator : l'Afssaps mise en cause

L'Afssaps avecs es
L'Afssaps avecs es © MAXPPP
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avec agences , modifié à
Un rapport demandé par le chef de l'Etat pointe les failles des institutions de santé en France.

C'est un rapport au vitriol sur la responsabilité de la filière médicament en France. L'affaire du Mediator "est beaucoup plus qu'un accident isolé", notent en préambule Bernard Debré, député UMP de Paris, et Philippe Even, directeur de l'Institut Necker, qui ont dirigé la mission confiée par Nicolas Sarkozy et remis le rapport mercredi au chef de l'Etat.

La Haute autorité de santé et surtout l'Agence sanitaire des produits de santé (Afssaps) sont pointées du doigt par les auteurs qui ont entendu une quinzaine de personnes représentant les institutions de la santé en France. L'Afssaps, dès le début de l'affaire du Mediator, s'est vue reprocher par les professionnels de la santé son silence sur la dangerosité du médicament- qui aurait fait entre 500 et 2.000 morts-, et son manque d'indépendance car essentiellement financée par l'industrie pharmaceutique.

L'Afssaps "en faillite totale"

L'Afssaps est une institution "en faillite totale" qui échoue "parce qu'elle n'a jamais eu de directions d'envergure". C'est une structure trop lourde et un vrai labyrinthe, souligne le rapport. Avec 1.000 employés, cinq directions scientifiques, trois commissions dont "l'une dit toujours oui, en acceptant une foule de médicament inutiles, et l'autre non, refusant presque toujours de suspendre ou de retirer les médicaments même plus dangereux qu'utiles", et 75 groupes de travail, des missions transversales, des unité, un conseil scientifique.

En outre, les conflits d'intérêts y sont fréquents, les auditions des experts ne sont pas publiques et les compte-rendus de séance sont "peu fidèles". "De nombreux membres ignorent presque tout du dossier sur lequel ils votent, et même de la pathologie en cause", accuse encore le rapport.

Une réforme profonde

En conclusion, les auteurs préconisent "une réforme profonde" de l'institution afin que la nouvelle Afssaps s'occupe de missions d'analyse scientifique avec l'aide non plus de 3.500 experts, mais de 20 à 40 de haut niveau et bien payés, pour qu'il n'y ait pas de conflit d'intérêts. Ils recommandent aussi de séparer les autorisations de mise sur le marché d'un côté et la pharmacovigilance de l'autre, qui assure le suivi des effets secondaires.

Enfin, pour éviter que des médicaments inutiles n'arrivent sur le marché, les experts préconisent une petite révolution : les molécules n'apportant rien de plus que les médicaments existants ne devraient plus exister. Au total, le fonctionnement devra être complètement remanié, avec remplacement de cadres supérieurs et disparition de la machinerie administrative.