Mariage gay : la nuit agitée des "antis"

© MAXPPP
  • Copié
et avec AFP , modifié à
Des heurts ont éclaté à Paris et à Lyon, donnant lieu à des interpellations.

L'INFO. Le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe a été adopté mardi en fin d'après-midi à l'Assemblée nationale. Parallèlement à la joie des "pro mariage pour tous", les "antis" ont manifesté dans toute la France pour témoigner "leur rage" après l'adoption du texte. Des affrontements qualifiés "d’extrêmement violents" ont éclaté mardi soir à Paris et à Lyon.

Les manifestants ont été évacués par les CRS et gendarmes mobiles et douze personnes considérées comme étant "des meneurs ou des auteurs de violences" ont été interpellées dans la capitale. Dix d'entre eux ont été placés en garde à vue, selon des informations Europe 1. "A Lyon, il a également été procédé à 44 interpellations", a précisé un communiqué de l'Intérieur.

Manif des "antis" à Paris. Le cortège, réuni à l'initiative du collectif La Manif pour tous, est parti du métro Sèvres-Babylone, dans le centre de Paris, à 19h30 pour rejoindre l'Assemblée, comme ils le font depuis une semaine. "Si certains pensent que c'est fini, on va leur montrer que ce n'est pas fini. (...) Je demande solennellement au président de soumettre ce projet au référendum", a déclaré dans la foule la chef de file du collectif, Frigide Barjot, pour qui "cette loi n'est pas légitime. Le gouvernement est désavoué par 75% des Français", a-t-elle asséné.

Les dérapages ont débuté peu avant 22 heures, heure à laquelle la dispersion de la manifestation était prévue, à Paris. Les organisateurs avaient en effet appelé la foule de quelque 3.500 personnes à "quitter calmement les lieux". Mais vers 22h45, des centaines de personnes restaient sur place. Nombre de manifestants, environ 500 selon une source policière, certains masqués ou encagoulés, ont provoqué les CRS et gendarmes mobiles, retranchés derrière des grilles fixées à des camions anti-émeutes interdisant l'accès à la rue de l'Université et au quai d'Orsay, tout près de l'Assemblée nationale.

Pétards, bouteilles, pavés... Voici autant de projectiles lancés en grand nombre sur les forces de l'ordre qui ont répliqué par de longs jets de gaz lacrymogène pour éloigner les excités. Vers 23h30, les échauffourées s'étaient déplacées sur le quai d'Orsay, où les provocateurs se sont servis d'objets divers volés sur un chantier - pavés, barrières de chantier, barres de fer, gaines électriques - pour les lancer sur les forces de l'ordre.

Des heurts aux Invalides :

Après l'adoption du texte, heurts aux Invalidespar ITELE

Un policier blessé. "Les affrontements sont extrêmement violents", a indiqué la source policière. Un commissaire de police, blessé par un pavé à la tête, s'est d'ailleurs évanoui et été emmené à l'hôpital où il a repris connaissance. Les journalistes, traités tour à tour de "collabos", "salauds" et "pourris", ont également été pris à partie par des manifestants agressifs, verbalement et physiquement. Un groupe de journalistes a été pris en chasse brièvement par un groupe d'hommes encagoulés, et un photographe de l'AFP a été aspergé de gaz lacrymogène et pris à partie dans les échauffourées. Peu avant minuit les forces de l'ordre ont finalement chargé à plusieurs reprises les manifestants pour éloigner les fauteurs de troubles qu'ils ont aussi arrosé de gaz lacrymogène.

Des manifestants d'extrême droite interpellés. Les charges visaient également à "interpeller les meneurs et les auteurs de violences, on allait les chercher de manière sélective" dans la foule, a expliqué la source policière. Les fauteurs de troubles, dont 12 ont donc été interpellés, étaient des "individus appartenant à des mouvements d'extrême droite", a expliqué plus tard dans la soirée Manuel Valls. Ce n'est que vers 1h15 que l'esplanade des Invalides, où s'est déroulée la majorité des violences, a retrouvé son calme.

Des "veilleurs" scouts sur les Invalides. Parallèlement à ces violences,  environ 200 "veilleurs" sont restés sur la pelouse de l'esplanade des Invalides, paisiblement assis, pendant des heures, à la lueur des bougies, reprenant le chant scout "L'espérance" tandis qu'un musicien jouait des suites de Bach au violoncelle. Une quinzaine de fidèles ont notamment prié genoux à terre. Eux aussi avaient quitté les lieux à 1 heure mercredi.