Les sèche-mains, nids à microbes

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avec Mélanie Gomez , modifié à
Ces appareils ne sont pas appropriés en période d’épidémie, disent les professionnels de santé.

Alors que la gastro-entérite a déjà atteint le seuil épidémique et que la grippe pourrait arriver dans les prochaines semaines, les professionnels de santé recommandent à tous de se laver les mains mais aussi de les sécher avec précaution. Depuis quelques années, les sèche-mains électriques dans les lieux publics se multiplient. Mais plusieurs études montrent que la propulsion d’air chaud dans un milieu humide favorise en fait... le développement microbien.

"Des germes que vous inhalez"

Lorsque vous vous lavez les mains, vous n’éliminez jamais 100% des microbes et des germes. Quelques-uns peuvent se cacher entre les doigts, près des ongles ou bien encore sous une bague. Le séchage est donc indispensable car il permet de se débarrasser de bactéries supplémentaires. Bien que les sèche-mains électriques soient réputés plus hygiéniques, ils ne sont pas forcément conseillés en période d’épidémie.

"Si on met ses mains mouillées à hauteur du visage avec un sèche-mains électrique, ça fait un véritable aérosol à microbes qui projette des germes que vous allez inhaler. Ces germes que l’on avait sur les mains, on les retrouve dans les poumons. C’est l’inverse de ce qu’on voulait. Que l’air soit chaud, froid, c’est une diffusion d’air avec en plus des microbes qui restent sur les mains", explique le Dr Frédéric Saldmann*.

Un problème de santé publique

Selon les professionnels de l’hygiène, la meilleure solution reste donc le papier pour se sécher les mains, notamment en cette période d’épidémies. Si sur votre lieu de travail, il n’y a qu’un séchoir électrique, mieux vaut utiliser l’arrière de sa chemise pour s’essuyer. Cela éliminerait quatre fois plus de microbes.

La raison de l’usage massif des sèche-mains électriques est avant tout économique. Le prix de l’électricité serait beaucoup moins onéreux que l’achat du papier. Alors que les pays anglo-saxons ont adopté le papier dans les lieux publics, le retard en France en la matière est très important. "C’est un problème de santé publique, ça vaudrait le coup qu’on s’y penche dessus", conclut le docteur Saldmann.

*Frédéric Saldmann, On s’en lave les mains, Flammarion, 2007.