Les régulateurs de vitesse sont risqués

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avec Aude Leroy et AFP , modifié à
Selon une étude, régulateurs et limiteurs de vitesse augmentent les risques de somnolence et donc d'accidents sur les routes.

Au lendemain des bons chiffres de la sécurité routière et en cette veille de deuxième week-end de gros départs en vacances, une étude alerte sur les risques des régulateurs et limiteurs de vitesse. Selon le rapport réalisé par le Centre d'investigations neurocognitives et neurophysiologiques (Ci2N) de l'Université de Strasbourg, ces outils favorisent l'hypovigilance au volant et une moindre maîtrise du véhicule. Cette étude publiée par la Fondation Vinci Autoroute, montre que la peur du radar aurait donc indirectement une mauvaise influence sur le comportement des automobilistes, engendrant en effet des conduites dangereuses ou à risques.

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Les distances de rabattement réduites. Pour échapper au flash des radars, sur les autoroutes, près de 40% des automobilistes utilisent le régulateur de vitesse. Un outil qui permet à un véhicule de rouler tout seul à la vitesse que l'automobiliste choisit. Seulement, les conducteurs qui utilisent un régulateur de vitesse restent trop souvent sur la file de gauche. "En raison d'une vitesse plus difficile à moduler", ces équipements incitent "les conducteurs à rester plus longuement sur la voie de dépassement et à se rabattre moins fréquemment sur la voie de droite", indique le rapport.

Et surtout, avec ce genre d'outil, les conducteurs respectent moins les distances de sécurité dès qu'il y a du trafic. C'est ce que révèle le professeur André Dufour, chercheur à l'université de Strasbourg qui a mené l'étude. "Les distances de rabattement vont être moins prudentes, le rabattement et déboitement aussi. En moyenne, nous avons observé que les conducteurs se rabattent au bout de 40 mètres. Donc là, ça fait quatre-cinq mètres de moins", analyse au micro d'Europe 1 le professeur André Dufour, qui a piloté l'étude. "Les distances de sécurité diminuent en moyenne de 5% avant le déboîtement et de 10% au moment du rabattement", résume le rapport.

Risques de somnolence accrus. L'autre outil très utilisé est le limiteur de vitesse, qui permet de conduire sans dépasser la vitesse que l'automobiliste s'est fixée. Dans ce cas, cet outil entraîne une baisse de la vigilance, de la somnolence. Parce qu'ils rendent l'autoroute encore plus monotone, les limiteurs de vitesse donne envie aux conducteurs de s'endormir au volant. La fréquence des épisodes de somnolence augmente avec un régulateur de 25% à partir d'une heure de conduite, et de 16% avec un limiteur.

"La capacité de réaction, notamment en situation d'urgence, est également sensiblement amoindrie", peut-on lire dans le rapport. Résultat : en cas de besoin, les automobilistes mettent une seconde de plus pour freiner. Et une seconde, à 130 km/h, c'est 40 mètres supplémentaires parcourus avant l'arrêt du véhicule.

Faire des pauses sur les longs trajets. Enfin, l'étude montre "une maîtrise plus aléatoire de la trajectoire rectiligne du véhicule en cas d'utilisation du régulateur ou du limiteur", car le conducteur "réaligne moins souvent la position de son véhicule (-25%)", ce qui augmente "l'amplitude des ajustements latéraux (jusqu'à +22% avec le limiteur et +33% avec le régulateur)". Un phénomène qui s'accroît avec l'augmentation de la durée du trajet. Pour autant, les scientifiques précisent que ces outils sont utiles mais incitent à un bien rester vigilant et à faire des pauses sur les longs trajets.