Les mauvaises habitudes des bébés français

Près d'un tiers des enfants de moins de trois ans mangent devant un écran, ce qui leur fait absorber plus d'aliments, selon l'étude d'une organisation professionnelle qui constate aussi le recul de l'âge des premiers repas complets.
Près d'un tiers des enfants de moins de trois ans mangent devant un écran, ce qui leur fait absorber plus d'aliments, selon l'étude d'une organisation professionnelle qui constate aussi le recul de l'âge des premiers repas complets. © MaxPPP
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avec AFP , modifié à
ALIMENTATION - Excès de télé, lâcher prise des parents… Les nourrissons ne sont pas si bien nourris.

L'étude. L'être humain s'adapte à son environnement. Et l'environnement moderne est fait d'écrans. Télévisions, ordinateurs et autres tablettes se multiplient dans les foyers (les Français passent la moitié de leur temps libre devant un écran, selon l'Insee). Résultat : les comportements alimentaires changent… À commencer par celui des nourrissons. Près d'un tiers des enfants de moins de trois ans mangent en effet devant un écran, ce qui leur fait absorber plus d'aliments, selon l'étude réalisée par le Syndicat français des aliments de l'enfance (SFAE), qui regroupe des industriels producteurs d'aliments pour jeunes enfants.

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Les distractions "ont des répercussions". Il ressort ainsi de cette étude que "15% des bébés de quinze jours à trois mois mangent déjà devant une distraction", à savoir une télévision ou un  autre écran. Ce phénomène augmente avec l'âge et, au total, 29% des enfants de 0 à 3 ans mangent devant un écran. "La télévision à table a des répercussions du point de vue alimentaire", commente le pédiatre Alain Bocquet. Un enfant qui mange devant la télévision consomme plus car il avale machinalement sans savourer son repas et sans se rendre compte des quantités absorbées, souligne le spécialiste, cité par le SFAE.

L'enfant "supporte mal l'attente". Autres effets entrainés par la télé : la frustration. Selon certains spécialistes, le fait d'apprendre, jeune, à l'enfant, qu'il peut tout avoir en un clic ne lui apprend pas à gérer sa concentration et sa patience. Et cela a aussi  "des conséquences sur son alimentation : l’enfant n’analyse pas ses perceptions (goût, odeur, toucher...), il supporte mal l’attente", décrypte pour Le Nouvel Obs le psychiatre Boris Cyrulnik. Enfin, la télévision "altère la convivialité des repas, si importante à cet âge", poursuit Alain Bocquet.

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Des repas complets plus tardifs. Parallèlement l'étude note un recul de l'âge où les premiers "repas complets", sans biberon de lait, est introduit chez l'enfant. C'est aujourd'hui en moyenne à 10 mois, soit deux mois plus tard qu'en 2005. L'introduction des premiers morceaux dans les plats est également "relativement tardive", à 12 mois en moyenne. Or, "les enfants qui ne commencent l'alimentation grossièrement mixée qu'à partir de 10 mois refusent d'élargir leur palette alimentaire", commente le Dr Bocquet qui juge que, dès 9 mois, un "enfant peut commencer à prendre lui-même des petits morceaux dans son assiette."

La SFAE indique en outre avoir relevé avec cette étude une "rupture" alimentaire vers les 12 mois, en gros au moment de "l'acquisition de la marche". L'enfant est désormais considéré comme un "adulte miniature" et on commence à donner les mêmes aliments que pour les plus grands.

Les parents abandonnent trop vite. Le Dr Bocquet, toujours cité par le SFAE, déplore que "près de la moitié des mamans (et des papas ndlr) n'insistent pas quand l'enfant refuse un aliment". Pourtant, "il est bien démontré qu'il faut persévérer en proposant de nouvelles fois, encore et encore, l'aliment refusé, dans le calme et dans une ambiance conviviale". "La palette alimentaire se construit très tôt et, pour beaucoup d'enfants, il faudra jusqu'à 8 présentations d'un aliment initialement rejeté pour qu'ils finissent par l'apprécier", conclut le pédiatre. Mais tous les parents ne sont pas laxistes pour autant : 30 % d’entre eux proposent tout de même une autre fois l’aliment à leur enfant, si celui-ci le refuse.

Comment le rapport a été réalisé. L'étude a été concoctée en 2013 à partir d'une enquête réalisée avec TNS Sofres, auprès de 1.188 mères d'enfants ayant entre 15 jours et 3 ans et "représentatives" d'une partie seulement de la population française puisque que les parents "en grande précarité" ont été écartés du sondage.