Les mauvais comptes d’Aides

L'ancien président d'Aides Antoine Saout a bénéficié pendant plus de dix ans d'un logement de fonction. Un fait rarissime pour une association caritative.
L'ancien président d'Aides Antoine Saout a bénéficié pendant plus de dix ans d'un logement de fonction. Un fait rarissime pour une association caritative. © MAXPPP
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La gestion de l’association de lutte contre le Sida est épinglée par une étude, rapporte Le Parisien.

Un ancien président gracieusement logé, un directeur général grassement payé, des salariés en colère, des dons pas forcément bien utilisés… ça va mal à Aides, à en croire une étude confidentielle du cabinet-conseil Sécafi datant de la fin de l’année 2010 et révélée par Le Parisien de mardi.

9.500 euros par mois

Nantie de 37 millions d’euros en 2009, Aides est l’une des associations caritatives les plus importantes de France, rappelle le quotidien. Et la rémunération de ses dirigeants est à l’avenant. Président entre 1998 et 2007, Christian Saout a ainsi bénéficié à partir de 1999 d’un logement de fonction - fait rarissime pour une structure de ce type-, qu’il a rendu en… 2010. En outre, l’homme, magistrat administratif en disponibilité, est encore payé en sa qualité de président d’honneur, à hauteur de 110.000 euros par an, même si la somme est remboursée à Aides par une subvention d’Etat. "Ce ne sont pas les donateurs qui financent mon salaire", tient à préciser Antoine Saout, qui réintègrera le Conseil d’Etat en septembre 2010.

La rémunération est encore plus généreuse pour Vincent Pelletier, directeur général de l’association. Contractuellement, l’homme peut renégocier son salaire tous les deux ans, et il ne s’en prive pas. Son salaire a ainsi augmenté de 17% entre 2007 et 2009, pour atteindre 9.500 euros par mois. Et quand sa paye n’augmente pas, l’homme peut compter sur une prime, d’une valeur de 6.500 euros en 2008. "Les enquêtes montrent qu’il est dans la fourchette haute, mais reste dans les clous ", se défend Olivier Denoue, délégué général délégué d’Aides.

Le "street marketing" trop cher

Le problème, c’est que les salariés de l’association restent eux modestement payés. "Au bout de sept ans, je gagnais 100 euros de plus que le minimum d’embauche à Aides", assure ainsi un ancien salarié au Parisien. D’autre part, selon l’étude de Sécafi, les employés ne sont "pas représentés au conseil d’administration", face à un "siège trop influent". D’où un certain malaise. Les congés maladie ou exceptionnels ont ainsi bondi en 2009. Sécafi prône un suivi affiné pour prévenir une propagation du mal-être des employés.

Enfin, et surtout, la gestion économique d’Aides pose un certain nombre de questions. D'abord, seuls 60% du budget sont alloués aux missions sociales, quand l’Arc (lutte contre le cancer) ou l’AFM (myopathie) en consacre respectivement 78 et 83%. "Nous avons 70 sites, cela coûte", justifie Olivier Denoue. En outre, le "street marketing", méthode de démarchage dans la rue privilégiée par Aides, coûte cher. 40,7 euros dépensés pour 100 euros récoltés. Selon la Sécafi, ce constat pourrait provoquer un "rejet brutal par le public".

Les responsables d'Aides se sont dits mardi "choqués et abasourdis" par ces critiques. Pour eux, l'enquête du Parisien "est largement contestable en de nombreux points, sur la méthode comme sur le fond".