Les "canons", l'arme anti-grêle qui protège le Béarn

Les canons à grêle installés dans le Béarn ont permis d'éviter d'importants dégâts dans le département.
Les canons à grêle installés dans le Béarn ont permis d'éviter d'importants dégâts dans le département. © ANELFA
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Thomas Morel et Benjamin Peter , modifié à
Le département s'est équipé de systèmes qui permettent de réduire la taille des grêlons et donc de limiter leurs dégâts.

Alerte Orange sur la France. Alors que Météo France craint mardi un épisode orageux violent sur la façade Atlantique, certains départements ont pris des mesures pour se protéger. Lundi, dans le Béarn, l'Association départementale de lutte contre la grêle et les calamités climatiques (ADLGCC) a ainsi pu compter sur son réseau de "canons" à iodure d'argent pour limiter l'impact de la grêle. Résultat, alors qu'ailleurs des hectares entiers de plantations étaient réduits à néant par la glace, Aucun dégât important n'a été relevé par les pompiers, selon la République des Pyrénées.

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Comment ça marche, un canon anti-grêle ? Pour se former, les grêlons ont besoin d'un "noyau glacigène" : il s'agit d'un grain de matière autour duquel l'eau peut s'accrocher avant de geler. Quand il y a en a beaucoup, les billes de glace formées sont de petite taille. Le problème survient quand, au contraire, il y a peu de poussière. Dans ce cas, la quantité d'eau autour de chaque grain devient beaucoup plus importante, et les grêlons formés sont plus gros.

Le principe des canons à iodure d'argent utilisés par l'ADLGCC consiste à envoyer plus particules dans l'air pour multiplier les points où l'eau pourra s'accrocher. Et comme l'eau dans le nuage a plus de noyaux où s'ancrer, les grêlons sont donc plus petits et les dégâts au sol moindres.

Schéma-Générateur

© ANELFA

Un appareil simple. Dans le Béarn, 39 postes sont ainsi activés à chaque menace de grêle. Des appareils simples, comme l'explique à Europe1.fr Jean Lamazou Betbeder, président de l'ADLGCC et lui-même agriculteur : "On imagine une énorme machine. En fait, c'est juste une bouteille d'air comprimé reliée à une bombonne pleine d'acétone enrichi en iodure d'argent. A la sortie, il y a un brûleur qui envoie dans les nuages les particules d'iodure d'argent."

18.06-grêlons

Deux grêlimètres, qui servent à mesurer les impacts des chutes de grêle. A gauche, un jour où les canons n'ont pas marché. A droite, un jour où ils ont marché. Attention, ces mesures ne tiennent pas compte de la situation météorologique, qui varie d'une fois sur l'autre.

Des économies pour les assureurs. Le système s'avère efficace : selon Jean Lamazou Betbeder, "on constate une diminution des dégâts quand les stations fonctionnent : l'indemnisation par les assureurs est inférieure de 45 %". Un système rentable, donc, pour les assureurs, puisqu'une journée de fonctionnement des canons à iodure du département coûte près de 2.000 euros. Bien loin des dizaines de milliers d'euros que peuvent représenter le remplacement d'une toiture abimée ou la compensation pour les pertes d'une récolte.