Les Bretons ressortent les bonnets rouges

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Alexis Toulon , modifié à
La Bretagne est une terre de révoltes et de symboles. Les manifestants arborent un bonnet rouge, symbole de la lutte antifiscale dans la péninsule. 

La révolte a une couleur : le rouge. En Bretagne, on la porte sur le bonnet comme un étendard. Les bonnets rouges étaient visibles samedi devant le dernier portique écotaxe encore en état de fonctionner. Ils le seront encore le 2 novembre pour manifester contre cette nouvelle mesure fiscale. Une tradition de longue date en pays celte.

Les origines du bonnet rouge. La tradition de manifester un bonnet rouge sur la tête remonte à l’Ancien Régime. Louis XIV était alors en guerre contre la Hollande. Afin de financer le conflit, le roi a levé de nouveaux impôts. Entre autres, le papier timbré, nécessaire pour tous les actes authentiques, comme l’état civil, contrats de ventes etc., est taxé en 1674 ainsi que le tabac. La pression fiscale a fait monter la gronde.

Une situation économique catastrophique. Déjà au XVIIe siècle, la région est très peuplée et a connu ses heures de prospérité. Toutefois, l’économie est déjà fragilisée quand les Hollandais, grande puissance maritime, mettent à mal le commerce en stationnant près de Belle-Ile et de Groix. La pression fiscale se ressent sur la production agricole qui ralentit. Les historiens rapportent que les revenus issus du fermage, c'est-à-dire la location de la terre par une propriétaire et exploitée par un paysan, chutent d’un tiers à cette époque.

Une région à part. La Bretagne, Pays d’Etats, c'est-à-dire qu’une assemblée représentative des trois ordres négocie le montant de l'impôt avec les commissaires ou intendants royaux, a une certaine indépendance. Ainsi, les nouveaux impôts doivent être acceptés par les Etats, mais Louis XIV a choisi de passer par le Parlement de Bretagne, pour éviter un rejet et financer la guerre. Ce choix est considéré comme une atteinte à la liberté bretonne, négociée lors de l’Union du duché de Bretagne au royaume de France, plus d’un siècle auparavant 

Un soulèvement populaire. La Bretagne, en crise économique et sociale se soulève alors. Les hommes et les femmes participent aux combats dans les villes. Les affrontements sont terribles et de nombreuses personnes perdent la vie dans les deux camps : le tiers Etat et les nobles. Finalement, le pouvoir royal reprend le contrôle de la région au prix d’une répression terrible et de la perte des droits précédemment accordés aux Etats bretons. Selon l’historien Joël Cornette, cette révolte a été une étape de la lutte du peuple breton pour son émancipation.

Et aujourd’hui ? La situation économique, la pression fiscale peuvent rappeler au souvenir de la révolte du papier timbré. Toutefois, la Bretagne est plutôt dans les petits papiers du gouvernement qui a déjà préparer des aménagements spécifiques à la région. Toutefois, l’Etat n’est pas serein, la colère bretonne a déjà mis le feu au Parlement de Bretagne en 1994. La sous-direction de l'information générale (SDIG) a alerté les autorités sur le risque d'action très dures en Bretagne. Les ex-RG pointent notamment du doigt les mouvements identitaires qui ont appelés à manifester le 2 novembre. 

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