Les "antifa", ces chasseurs de skinheads

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Frédéric Frangeul , modifié à
ZOOM - Ils sont plusieurs milliers en France à appartenir à des groupuscules d’extrême gauche.

C'était un "antifa". Clément Méric, le jeune militant mort après une rixe dans les rues de Paris, mercredi avec des skinheads, était membre du collectif Action antifasciste Paris Banlieue. L’occasion d’un zoom sur ce qu'est la mouvance antifasciste aujourd’hui. 

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Qui sont les anti-fascistes ? Les militants antifascistes sont pour l’essentiel des lycéens ou des étudiants liés à des structures libertaires ou anarchistes, héritières d’organisations telles que le Scalp No Pasaran ou Ras l’front. Ces organisations ont connu leur apogée pendant les années 90, quand le Front national de Jean-Marie Le Pen incarnait l’ennemi à combattre.

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Combien sont-ils ? Gilles Vergnon, professeur à l’IEP de Lyon et spécialiste de la question, estime à 5.000 ou 6.000 le nombre de militants antifascistes aujourd’hui en France. "Leur nombre reste toutefois difficile à évaluer avec certitude car ce sont de petits groupes locaux sans organisation centralisée," tempère toutefois Serge Cosseron, auteur du Dictionnaire de l’extrême gauche. "La militance est réduite, mais l’aura et le vivier de cette mouvance sont importants", ajoute ce spécialiste, contacté par Europe1.fr

Des groupes autonomes. Développant une culture du secret et de défiance à l’égard des institutions, les "antifa" optent généralement pour l’anonymat lors de leurs rares interventions médiatiques. "Ils recherchent une sorte de pureté autonomiste", souligne Philippe Raynaud, professeur de sciences politiques et spécialiste de l’extrême gauche."Cette volonté s’illustre, après la mort de Clément Méric, par le refus de toute forme de récupération, aussi bien de la part de l’UMP, du PS mais aussi du Front de Gauche", poursuit-il.

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Une résurgence du passé. Pour le spécialiste de l’extrême gauche Philippe Raynaud, "on assiste aujourd’hui à une sorte de renaissance mimétique de ce qui s’est passé dans les années 60 et 70". A l’époque, et plus encore dans les années 80, la radicalisation vers l’extrême droite des mouvements skinheads avait  conduit à la création de différents groupes antifascistes, regroupés autour de bandes telles que les Red Warriors, les Ducky boys ou Ruddy Fox.

Ces groupes avaient, les premiers, initié des mouvements de "chasse aux skinheads" dans les rues. Avec un objectif : "ne pas laisser la rue aux mouvements neonazis", comme l’explique  Julien un des anciens membres des Red Warriors, dans le documentaire Antifa, sorti en 2008 et retraçant l’histoire de ce mouvement.

Une cible : les groupuscules d’extrême droite. Pour les "antifa", le combat est d’abord politique. "La lutte antifasciste ne repose pas sur les violences de rue", confie au micro d’Europe 1 un membre du collectif Action antifasciste Paris Banlieue, auquel appartenait Clément Méric. "Le but de l'antifascisme n’est pas de se battre avec l’extrême droite.  Ça, c’est leur vision à eux. Une vision basée sur le conflit en désignant des ennemis, à savoir l’étranger, l’homosexuel ou l’antifasciste", poursuit-il.  "Mais, à partir du moment où vous combattez des gens qui se nourrissent de la violence, que voulez-vous qu’il se passe ? Oui, la violence existe", admet-il.

Une violence assumée. D’autant que les symboles de ralliement choisis par les antifascistes sont pas neutres. Empruntés à une thématique combattante, ils représentent généralement des lance-pierres ou des matraques, sur un fond de couleur rouge ou noir.  Un antifasciste lyonnais ne cache d’ailleurs pas sa volonté d’en découdre après la mort de Clément Méric. "On ne peut pas compter sur l’Etat pour nous protéger. Donc, le seul mot d’ordre, c’est auto-défense", indique-t-il au micro d’Europe 1. Et de promettre : "on devra se faire justice nous-mêmes".

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