Le vin se bonifie grâce au satellite

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avec AFP , modifié à
L’intervention d’images satellitaires permet aux vignerons de mieux sélectionner leur raisin.

A moins d’un mois du début des premières vendanges, autour de la mi-août, les viticulteurs peuvent compter sur un allié de poids pour se préparer : un satellite. Pour la troisième année de suite, l’Institut coopératif du vin (ICV) travaille à distance sur des vignes de toute la France. L’objectif : cibler au sein de chaque parcelle la vigueur de la vigne pour assembler parfaitement les raisins entre eux. Après une première année test avec "deux ou trois clients", l’entreprise travaille désormais avec une multitude de vignerons en France et dans le monde. Europe1.fr fait le point sur les vendanges assistées par satellite.

Comment cela fonctionne ? Le viticulteur identifie sa parcelle, fournit des renseignements sur sa nature (pieds de vigne, cépage…) et patiente. Astrium, filiale d’EADS, se charge de prendre un cliché – un seul suffit – et l’image infrarouge est ensuite analysée par les équipes de l’ICV qui débriefent sur le terrain avec les viticulteurs. Les clichés sont pris en juillet, "vont être envoyés cette semaine, et d’ici quinze jours, nous allons aller analyser avec chacun les images". Et la boucle est bouclée.

Avec quels moyens techniques ? Le satellite "prend une image de 55 kilomètres sur 55 kilomètres", explique Jacques Rousseau, responsable des services viticoles du groupe ICV. "On mesure la qualité du feuillage que l’œil humain ne voit pas. A plus de 800 kilomètres d’altitude, le satellite offre une vision d’ensemble avec une précision de 4 mètres carrés. Près de 1.000 parcelles peuvent être photographiées en huit secondes, alors qu’il faudrait "trois à quatre semaines de travail à plusieurs équipes de techniciens au sol".

Quels types de vins sont concernés ? L’expertise peut s’opérer sur des vignobles de toutes tailles. "Nous avons comme client des grands châteaux de Bordeaux comme des petits producteur dans le Gers", explique Jacques Rousseau. La technique est réalisable sur tout type de vignes. L’ICV travaille aujourd’hui "dans les vallées de Loire et du Rhône, le Languedoc, le Bordeaux ou le Gers". Des producteurs étrangers sont aussi concernés : le Maroc, le Chili, et "bientôt l’Afrique du Sud", confie-t-il. Seuls les vins de Bourgogne et d’Alsace ne figurent pas dans la liste, un choix "commercial".

Le prix du vin augmente-t-il ? Pas d’inquiétude à avoir de ce côté, selon le spécialiste. Le service est facturé 50 à 70 euros par hectare étudié. "Sachant que l'on produit 6.000 à 10.000 bouteilles par hectare, le prix est minime", explique Jacques Rousseau. Mieux, passer par l’expertise satellitaire permet de raisonner son activité. "Cela engendre plutôt une baisse du prix. L’image satellitaire permet de mieux organiser ses vendanges, de mieux s’organiser, et, donc, de réduire ses coûts de production". Par exemple, plutôt que de semer de l’engrais uniformément sur toute la parcelle, "l’image infrarouge permet de cibler précisément les endroits qui en ont besoin. Cela limite aussi l’impact sur l’environnement", liste Jacques Rousseau.

Le vin est-il meilleur ? C’est la force de ce procédé. L’utilisation du satellite permettrait presque de sélectionner à la grappe près les mêmes raisins pour une optimisation de la production. "Selon la vigueur des vignes, la qualité est différente. L’image infrarouge offre la possibilité de cibler les différents endroits au sein de la même parcelle où le raisin est identique". On vendange les parties arrivées à maturité et on "le fait plus tard sur celles qui ne le sont pas. Il n’y a que du positif avec cette méthode", conclut, enthousiaste, Jacques Rousseau. Le spécialiste tient pour preuve "les clients qui le redemandent chaque année.