Le meurtrier de Valentin devant la justice

Valentin avait succombé dans la nuit du 28 au 29 juillet 2008 à 44 coups de couteau portés alors qu'il faisait du vélo dans les rues du village de Lagnieu.
Valentin avait succombé dans la nuit du 28 au 29 juillet 2008 à 44 coups de couteau portés alors qu'il faisait du vélo dans les rues du village de Lagnieu. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul avec Reuters , modifié à
L'accusé est décrit par les experts comme un un "sujet schizophrène paranoïde" dangereux.

L'affaire avait suscité l'émoi en juillet 2008 après la découverte du corps de Valentin, âgé de 10 ans, poignardé à de multiples reprises à Lagnieu. Accusé de ce meurtre, un couple de marginaux sera jugé à partir de lundi à Bourg-en-Bresse par la cour d'assises de l'Ain.

Stéphane Moitoiret, 42 ans, détenu au sein d'une unité spécialisée de l'hôpital psychiatrique de Bron, près de Lyon, comparaît pour "assassinat sur mineur de quinze ans accompagné d'actes de torture ou de barbarie". Sa compagne, Noëlla Hego, 52 ans, est poursuivie pour "complicité d'assassinat". Le couple sera également jugé pour la tentative d'enlèvement d'un autre garçonnet de cinq ans en 2006.

L'enfant a succombé à 44 coups de couteau

Valentin Crémault avait succombé dans la nuit du 28 au 29 juillet 2008 à 44 coups de couteau portés alors qu'il faisait du vélo dans les rues du village de Lagnieu, dans l'Ain. Il avait été confié pour quelques jours à un ami de ses parents qui, ne le revoyant pas revenir à une heure avancée de la soirée, l'avait découvert dans une ruelle, près de son vélo, gisant dans une mare de sang.    
     
Des gouttes de sang retrouvées le long de la rue principale du village, les enregistrements de vidéosurveillance, ainsi que la présence d'un couple de marginaux dans le secteur, avaient amené les gendarmes, à interpeller au Cheylard, en Ardèche, Stéphane Moitoiret et Noëlla Hego, le 3 août 2008.

L'accusé avait évoqué "une mission divine"

Confondu par son ADN, retrouvé sur la victime, Stéphane Moitoiret avait tenu aux enquêteurs des propos confus, faisant état d'une "mission divine" et disant être soumis à sa compagne qu'il appelait "sa majesté". Noëlla Hego avait expliqué aux enquêteurs que Stéphane Moitoiret était rentré tard dans la nuit du 29 juillet à la cure de Sorlin où tous deux étaient logés en disant avoir "tué un petit garçon" et ceci "forcé par quelque chose". Le marginal avait pris soin de se débarrasser dans la nature de ses vêtements ensanglantés, de ses sandales et de son couteau. Puis le couple avait pris la fuite en auto-stop.

Stéphane Moitoiret et Noëlla Hego, qui s'étaient rencontrés en 1987, avaient mené une vie d'errance sur les routes de France et d'Italie où ils se présentaient comme "des pèlerins venus d'Australie" et porteurs d'une mission divine.

La responsabilité pénale des accusés en question

Le procès sera l'occasion d'un débat nourri sur le degré de responsabilité pénale des malades psychiatriques. Stéphane Moitoiret est décrit par les experts comme "une personnalité psychotique avec des capacités intellectuelles limitées" et comme "un sujet schizophrène paranoïde" dangereux. Sa compagne présenterait "une très riche activité délirante" et souffrirait d'un "trouble mental gravissime proche de la  schizophrénie".

Une dizaine d'experts psychiatres se sont penchés sur le cas des accusés pour tenter de déterminer leur responsabilité pénale. Quatre se sont prononcés en faveur d'une "abolition" du discernement au moment des faits et six pour une "altération" du discernement, permettant ainsi à la justice d'engager les poursuites. La défense compte s'appuyer sur ces divergences d'appréciation pour plaider "l'irresponsabilité pénale".
 
Dans le quotidien Le Progrès, le père du petit Valentin refuse le principe de l'irresponsabilité pénale. "Quand il y a un crime d'une telle barbarie, on dit tout de suite que c'est un fou. C'est trop facile", dit Jean-Pierre Crémault. "Ces gens-là ne doivent pas aller en psychiatrie, on peut les soigner en prison", ajoute-t-il.