Le mariage gay et la prière polémique

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Photo prétexte. © Max PPP
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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
En plein débat sur le mariage gay, la prière de l'Assomption contient un message sur la famille.

En pleine fête de l'Assomption, le message de l'Eglise sur la famille suscite la controverse chez les défenseurs du mariage homosexuel. Alors que les catholiques sont appelés mercredi à prier "pour la France" et pour les personnes victimes de "la crise sociale", ce texte, qui défend la famille "traditionnelle", passe mal auprès des associations de défense des homosexuels.

Cette polémique survient au moment où le gouvernement prévoit de donner aux homosexuels le droit de se marier et d'adopter.

>> Le calendrier du mariage gay se précise

A Lourdes dans les Hautes-Pyrénées par exemple, la prière, qui devrait être dite devant des milliers de fidèles, contient un passage qui fait particulièrement débat : "pour les enfants et les jeunes (...) qu'ils cessent d'être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l'amour d'un père et d'une mère".

"La prière fait illusion"

11.02 Le premier «mariage» gay en Ile-de-France, ce samedi à Villejuif 930620

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Pour autant, l'Eglise ne veut pas attaquer de front le mariage homosexuel, ni l'adoption par un couple homosexuel, alors qu'ils sont des engagements de campagne du président François Hollande réaffirmés en juillet par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Mais les homosexuels ne s'y trompent pas.

"Le texte est parfaitement anodin, écrit dans le plus pur style sibyllin que l'Eglise catholique manie avec brio", constatait mardi avec ironie le Collectif contre l'homophobie (CCH). Mais pour Nicolas Gougain, porte-parole de l'Inter-LGBT (Lesbiennes-gay-bi-trans), "parler des familles, insister sur le fait qu'elles reposent sur un père et une mère (...) on sait très bien que la prière fait allusion" au mariage homosexuel. L'Eglise, pour le Collectif contre l'homophobie, "laisse à certains de ses évêques le soin d'assurer le service après-vente".

"Un Parlement, ce n'est pas Dieu le Père"

Cette semaine, plusieurs responsables religieux ont défendu la position de l'Eglise. "Ce n'est un scoop pour personne que de dire que l'Eglise s'oppose au mariage homosexuel", a rétorqué Mgr Bernard Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France sur France Inter.

Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, a réaffirmé pour sa part dans Le Progrès que pour l'Eglise, "le mariage est l'union d'un homme et d'une femme. C'est écrit sur la première page de la Bible". Interrogé sur l'adoption d'enfants par les couples homosexuels, il ajoutait : "notre désir est que la loi n'entre pas dans des domaines qui dépassent sa compétence. Un Parlement (...) ce n'est pas Dieu le Père".

Des amalgames avec le FN

 Au-delà de la question du mariage et de l'adoption pour les homosexuels, des formations comme le Parti radical de gauche (PRG) ont reproché à l'Eglise de "s'immiscer dans le débat" qui reste avant tout politique.

>> A lire : l'interview de Christine Boutin au JDD.fr.

Auprès du quotidien La Croix, le président du Secours catholique trouve certes le texte "assez balancé". Mais François Soulage s'inquiète que le nom de la "prière pour la France" ne suscite des amalgames avec le Front national. En outre, la tradition de prier pour la France le 15 août remontant au vœu de Louis XIII de consacrer la France à la Vierge Marie, la prière risque de passer pour "archaïque", affirme-t-il.

L'adoption : 53% des Français sont favorables

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Cette polémique survient alors qu'une une enquête de l'Ifop* portant sur "les Français, les catholiques et les droits des couples homosexuels" montre que 65% des Français sont favorables au mariage homosexuel. Une progression de deux points par rapport à un sondage réalisé il y a un an.

"En revanche, relève l'enquête à paraître mercredi dans La Lettre de l'Opinion, les avis sont beaucoup plus partagés en ce qui concerne l'adoption d'enfants par les couples homosexuels : 53% des Français y serait favorables. Un chiffre en retrait de 5 points par rapport à l'année dernière", observe l'Institut.

*Ce sondage, mené du 9 au 13 août sur un échantillon représentatif de 2.000 personnes.