Le manifeste des 343 salauds "défend la liberté"

© MAXPPP
  • Copié
Frédéric Frangeul , modifié à
INTERVIEW – Elisabeth Lévy, l’auteure du texte, répond aux critiques suscitées par la pétition.

"Un tombereau d’injures". Elle n’en revient pas. Elisabeth Lévy, la directrice de la rédaction du mensuel Causeur à l’origine du Manifeste des 343 salauds,  déplore "des réactions d’une violence sidérante" après la diffusion d’extraits de ce texte mercredi.  "On ne pouvait pas anticiper un truc pareil, un tel tomberau d’injures. On a l’impression d’avoir profané quelque chose", explique-t-elle à Europe1.fr.

"Effarée". Dans leur manifeste, les 343 salauds considèrent que"chacun a le droit de vendre librement ses charmes" et refusent que "les députés édictent des normes sur [leurs] désirs et [leurs] plaisirs". Confrontée à la polémique, Elisabeth Lévy en appelle au droit au débat.  "Il faut apprendre à vivre dans un monde où tout le monde ne pense pas comme nous", argumente-t-elle. Avant de déplorer : "je suis effarée de voir ce que sont devenus les descendants de Mai-68".

Des pressions. Concernant les nuances apportées par Nicolas Bedos, un des signataires de la pétition, qui a jugé sur Europe 1 jeudi matin "assez indécent" la référence aux 343 salopes, auteures en 1971 d’un manifeste prônant le droit à l’avortement, Elisabeth Lévy est formelle :  "j’aime beaucoup Nicolas, mais il connaissait la référence aux 343 salopes", assure-t-elle. "Les pressions sur lui doivent être fortes", avance-t-elle pour expliquer sa réaction.  

31.10_elisabeth-levy_930x62

"Le texte n’est pas de mauvais goût". Quant aux critiques venues de Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, ou d’associations féministes comme Osez le féminisme , Elisabeth Lévy les balaie. "Nous aussi, on défend la liberté. Je trouve pas notre texte soit de mauvais goût", insiste-t-elle. "Ce n’est pas une blague dans le sens où on y croit, mais nous avons essayé d’y mettre un peu d’humour", poursuit-elle.

"Une grande hyprocrisie". De son côté Ivan Rioufol, éditorialiste au Figaro, assume sa présence sur la pétition. "Je l’ai signée, comme une pétition un peu provocatrice", explique-t-il à Europe1.fr. "Le texte est très clair, on ne défend pas la prostitution mais les libertés individuelles", précise-t-il. Le journaliste pointe par ailleurs du doigt "une grande hypocrisie" :  "aujourd’hui, on n’interdit pas la prostitution mais on veut sanctionner les clients".

La pénalisation des clients en question. Le Manifeste des 343 salauds sera intégralement diffusé jeudi 7 novembre lors de la sortie du magazine Causeur. Il a été signé par des nombreuses personnalités masculines comme les Frédéric Beigbeder, Eric Zemmour, Philippe Caubère ou Richard Malka notamment. Il intervient alors qu’une proposition de loi visant à pénaliser les clients des prostituées va être prochainement examinée à l’Assemblée.

sur le même sujet

Prostitution : "343 salauds" et une polémique

Manifeste des 343 salauds : "un parallèle indécent" pour Bedos

Ces pays où la prostitution est interdite