Le "fini-parti" des éboueurs marseillais préservé ?

© MAXPPP
  • Copié
B.P. avec AFP , modifié à
Un habitant a engagé des poursuites pour "excès de pouvoir". Sa requête pourrait être rejetée.

La menace semble s'éloigner pour les éboueurs de Marseille. Le rapporteur public du tribunal administratif de Marseille, saisi par un habitant désireux de faire abroger la règle du "fini-parti" qui permet aux éboueurs de la communauté urbaine de débaucher dès qu'ils jugent leur travail achevé, a conclu jeudi au rejet de la requête. Reste à attendre la décision du tribunal, mise en délibéré.

Le président du tribunal, Jacques Antonetti, a promis une réponse extrêmement "motivée", soulignant l'importance de cette affaire car "se situant à la frontière du droit et de la politique et touchant le quotidien des gens".

La bataille d'un avocat marseillais

A l'origine de cette procédure : Benoît Candon, habitant de la ville et avocat de profession. En septembre 2009, il avait fait une première demande d'annulation auprès de Marseille Provence Métropole, restée sans résultat. C'est donc lui qui a déposé déposé un nouveau recours, cette fois devant le tribunal administratif pour que celui-ci mette fin à la règle du "fini-parti" qui est en vigueur chez les éboueurs.

Cette règle du "fini-parti" est simple : dès qu'un éboueur estime avoir terminé son travail, il peut partir. "Il n'est pas crédible que des agents travaillent mieux en allant plus vite, alors que le contraire paraît évident, que les rues de Marseille sont anormalement sales et qu'il reste chaque jour un nombre considérable de détritus non ramassés", souligne l'avocat dans sa requête.

"Une pratique contractuelle".

Me Candon estime que cette pratique engendre une réduction du temps de travail de l'ordre de 30 à 50%. "La règle du 'fini-parti' ne procède d'aucun accord ou convention collective applicable à ces agents, et ne peut donc relever de leur régime", argumente encore l'avocat.

Faux, répond FO, syndicat majoritaire chez les agents territoriaux de Marseille Provence Métropole. "Il s'agit d'une pratique de gestion contractuelle reprise dans toutes les conventions collectives de la branche, et dans les principales villes du pays".

Le "fini-parti" instauré aux Etats-Unis

Si à Marseille Me Candon veut mettre fin au "fini-parti", une entreprise américaine a elle décidé de l'instaurer. WeddingWire l'a mise en place au 1er janvier. Si un employé a fini son travail le 21 du mois, il pourra ainsi rester chez lui jusqu’au 31.

"Nous voulons juste que vous fassiez le boulot. Si vous y arrivez, pourquoi limiterions-nous le nombre de jours de congés que vous prenez ?", a expliqué Jennifer Harding, directrice des ressources humaines chez WeddingWire, au quotidien The Washington Post. La DRH a assuré que les charges de travail n'augmenteront pas.