Le cri de colère d’un père extradé en Allemagne

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Frédéric Frangeul avec Frédéric Michel , modifié à
Condamné pour non paiement de pension alimentaire, il n’a pas vu ses enfants depuis trois ans.

L’extradition. Il se savait condamné à l’extradition depuis novembre 2012, quand la justice française avait définitivement validé un mandat d’arrêt émis par l’Allemagne à son encontre. Lionel Gilberti a été interpellé lundi matin à son domicile, dans le Haut-Rhin, pour être extradé vers l’Allemagne où il devrait être emprisonné. En cause : le non-paiement d’une pension alimentaire à son ex-femme, de nationalité allemande, à qui il reproche de l’empêcher de voir ses enfants âgés de 12 et 13 ans.

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L’incompréhension. Lionel Gilberti a confié son amertume lundi matin sur Europe 1. "J'ai été traité comme un criminel et j'ai cherché refuge dans mon pays en pensant que mes autorités allaient m'aider. Ce que je vois, c'est que je ne reçois aucune aide", a-t-il déploré. "Je serai ce soir dans une prison allemande alors que j'ai seulement suspendu la pension alimentaire, parce que je suis dans l'incapacité de voir mes enfants depuis trois ans", a-t-il confié à Europe 1.

Lionel Gilberti : "j'ai été traité comme un criminel"

Lionel Gilberti : "J'ai été traité comme un...par Europe1fr

Un droit de visite non-respecté. Quand il s’est séparé de sa compagne allemande en 2006, cette dernière a obtenu la garde des enfants et lui un droit de visite. Mais Lionel Gilberti n’a rapidement plus pu exercer son droit de visite au motif que son ex-femme craignait qu’il n’enlève ses enfants. Pour tenter de faire cesser cette situation, il a suspendu le paiement de la pension alimentaire et a refusé de verser les 6.000 euros que lui réclame la justice allemande. Un conflit qui est à l’origine de la procédure d’extradition.

Le droit allemand pointé du doigt.  Pour Lionel Gilberti, il y a "un gros problème au niveau de la politique familiale allemande". Le père de famille reproche au droit allemand de privilégier le parent allemand au parent étranger en cas de conflit. "Il y a un article qui dit clairement que les enfants n’ont pas le droit de quitter le sol allemand, sinon il y aurait enlèvement", expliquait Lionel Gilberti à la chaîne europarltv.eu en février.

Pour le père de famille alsacien, cette loi permet à l’Allemagne de "privilégier la relation Etat-enfant à la relation parent-enfant", avec ce corollaire qu’il subit aujourd’hui : "un parent étranger, aussi aimant qu’il soit, n’aura aucun droit face à l’Etat".

Un problème récurrent. Depuis 2006, le Parlement européen a été saisi de plus de 120 pétitions dénonçant les procédures allemandes en matière de divorce et de garde d'enfants, notamment lorsqu'elles impliquent un parent étranger. Les fonctionnaires du Jugendamt, le service allemand de la protection de la jeunesse, "font du très bon travail dans 90% des cas", soulignait l'eurodéputé Philippe Boulland en juillet 2012. Avant d'ajouter : "Mais quand il y a une erreur, une machine infernale s'emballe et on ne peut revenir en arrière. Cela n'arrive qu'avec l'Allemagne".

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