Le coup de gueule des profs d’histoire

Les professeurs d’histoire-géo protestent contre la densité du programme des classes de première.
Les professeurs d’histoire-géo protestent contre la densité du programme des classes de première. © MAXPPP
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avec Noémie Schulz , modifié à
- Une pétition circule pour protester contre le nouveau programme des classes de première.

L’Histoire de 1850 à nos jours. Voilà l’ambitieux programme soumis cette année aux classes de première. Beaucoup trop dense, dénoncent les enseignants d’histoire-géographie, qui interpellent le ministère de l’Education à ce sujet, pétition à l’appui. 1.600 signataires ont déjà rejoint le mouvement, qui s’interroge sur la capacité des élèves à engranger autant de savoir en une année. Et les élèves des sections scientifiques passent l’épreuve d’histoire à la fin de l’année.

"Une sorte de zapping"

Par exemple, le ministère de l’Education nationale estime dans son programme qu’il faudra 15 heures de cours pour étudier le chapitre consacré à "la guerre au 20e siècle". En 15 heures de cours, les élèves vont donc devoir assimiler la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale, les génocides, la création de l'ONU, la guerre froide, puis celle du Golfe, des Balkans, et même le 11 septembre 2001.

"Ces programmes proposent une sorte de zapping, où il faudrait avoir vu un ensemble de choses qui sont incontournables. Mais comme il faut les avoir toutes vues, forcément, elles perdent complètement leur sens, en tous cas elles perdent leur sens historique", peste Alice Cardoso, professeur d'histoire-géographie, qui a lancé la pétition du SNES, le premier syndicat d'enseignants. "Il y a deux possibilités : soit on fait le programme et on laisse nos élèves loin derrière nous, soit on prend le temps de faire correctement notre métier, c’est-à-dire bien leur expliquer les choses, de faire en sorte qu’ils aient compris. Auquel cas, on ne pourra pas le finir, ce programme", conclut-elle.

"Tout est déstructuré"

Le risque, c'est donc que les élèves de première S arrivent à l'épreuve du bac en n'ayant pas vu tout le programme. Du coup, certains établissements ont pris les devants en rajoutant des heures de cours d'histoire à leurs élèves. C'est le cas du lycée privé Franklin, dans le 16e arrondissement de Paris. "On va apprendre toute la chronologie des deux guerres, parce qu’on ne le fait plus en temps normal", indique Mahmoud, un élève. "On va travailler beaucoup plus sur Hitler et l’ensemble des nazis. Et également sur toutes les républiques qui se sont succédé en France. Donc, tout simplement, sur l’histoire chronologique telle qu’on l’apprenait auparavant."

Son camarade Pierre complète : "certains profs nous avaient dit l’année dernière que si on n’a pas la chronologie dans nos têtes, pour cette année, on aurait du mal en histoire, car tout est destructuré."

Les professeurs signataires de la pétition n’ont pas pour autant l’ambition de faire refaire le programme. Celui-ci a été publié au Journal officiel, et il ne peut plus être modifié. Les enseignants se contentent donc de réclamer la clémence auprès du ministère de l’Education, et que les élèves puissent faire des impasses. Dans un second temps en revanche, pour l’année prochaine, ils réclament une refonte profonde du programme.