Le commissaire Neyret dort en prison

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et Pierre de Cossette , modifié à
Le n°2 de la police judiciaire de Lyon a été mis en examen lundi dans une affaire de corruption.

Un "grand flic" en prison. Michel Neyret a été placé lundi soir en détention provisoire, comme l'avait réclamé le Parquet. Impossible de laisser libre, même sous contrôle judiciaire, un homme mis en examen pour douze motifs dont "trafic de stupéfiants", "association de malfaiteurs", "détournement de scellés" ou encore "violation du secret professionnel".

Le numéro 2 de la PJ de Lyon, possédant de nombreux contacts pouvant perturber l'enquête, le juge de la liberté et de la détention n'a pas hésité à l'incarcérer. Avocats comme parquet se refusent à préciser le lieu de détention. Ordinairement pour des personnalités, il s'agit du quartier dit des "VIP" de la maison d'arrêt parisienne de la Santé.

Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a par ailleurs annoncé mardi la suspension "dès aujourd'hui" de  celui qui était considéré "comme un très grand flic, très efficace".

"Il n'a jamais trahi ses enquêtes"  

Pourtant, d'après ses avocats, le commissaire n'a pas du tout le profil d'un homme corrompu. C'est un policier qui a tout donné à son métier, estime Me Sauvaire.

"Il n'a pas de regret à avoir. C'est un vrai policier qui s'est fondu avec les délinquants pour résoudre des enquêtes complexes. Le policier a à sa disposition certains moyens, des moyens qui demandent pour être mis en œuvre des activités illégales avérées. Quand on n'en a pas et qu'on a que des soupçons, on est obligé de passer par des informateurs par exemple", a précisé Me Sauvaire.

"C'est vrai que si on pouvait résumer ce dossier à deux choses, c'est peut-être un pécher d'amitié qui ne lui a pas rapporté d'intérêt personnel. Il a toujours gardé un intérêt professionnel. Il l'a fait pour faire son travail. Il n'a jamais trahi ses enquêtes", a conclu l'avocate.

"Il a toujours gardé un intérêt professionnel" :

"Il est combatif, confiant"

"Aujourd'hui, un grand serviteur de la République part en maison d'arrêt, un homme de terrain, le commissaire divisionnaire Neyret. Dès demain, nous relevons appel de la décision", a commenté Me Versini-Bullara, l'un des avocats de Michel Neyret, lundi soir. "M. Neyret est affecté de partir en maison d'arrêt. Il ne renie pas pour autant son rôle dans la police nationale, il n'a pas voulu déshonorer la police", a-t-il ajouté.

"Cette mise en examen est logique. M. Neyret a été constant dans ses déclarations", avait déclaré un peu plus tôt dans la journée Me Aurélie Sauvayre, qui défend également Michel Neyret. "Il est combatif, confiant, constant, il réaffirme, confirme ce qu'il a dit. Il est très fier de son métier de policier et a envie de s'expliquer. Il a des choses à dire", avait-elle ajouté au micro d'Europe 1.

Trop proche de ses "indics" ?

D’après les informations d'Europe 1, sur le principal volet, celui des stupéfiants, le n°2 de la PJ lyonnaise avait notamment reconnu, en garde à vue, avoir mis en place un système pour remercier ses informateurs, ses "indics", avec de la drogue.

Une pratique strictement interdite même si elle a longtemps eu cours. Depuis 2004, la loi encadre la rémunération de ceux qu’on appelle dans le jargon "les tontons". Michel Neyret a donc été en particulier questionné sur ses relations avec deux hommes réputés proches du milieu lyonnais, écroués après avoir été mis en examen dans cette affaire notamment pour corruption, selon une autre source proche du dossier.

Mais l'affaire est loin d'être terminée. Cinq autres policiers - le chef de la Brigade de recherches et d'intervention (BRI, "anti-gang") de Lyon, deux dirigeants de l'antenne de police de Grenoble et deux membres de la brigade des stupéfiants, arrêtés jeudi et les jours suivants - devaient être déférés devant un juge d'instruction mardi ou mercredi, selon une source judiciaire.