Latifa Ibn Ziaten : son combat pour éviter d'autres Mohamed Merah

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INTERVIEW E1 - La mère de la première victime n'hésite pas à parler de sa "souffrance" pour faire passer son message. 

Le 11 mars 2012, Imad Ibn Ziaten, militaire de carrière, perdait la vie à Toulouse sous les balles de Mohamed Merah. Le parachutiste est la première des huit victimes du "tueur au scooter". Depuis ce drame, sa mère, Latifa Ibn Ziaten, se bat pour éviter qu'il y ait "d'autres Merah". Son combat désormais : tendre une main aux jeunes en rupture dans les écoles, les quartiers déshérités et les prisons. Pour cela, elle a créé l'association Imad Ben Ziaten. Au micro d'Europe 1 mardi matin, elle revient sur ces deux ans de deuil et de combat.

"Les jeunes comprennent". Celle qui a lancé, seulement quelques mois après le drame, l'association en hommage à son fils, raconte comment elle est parvenue à faire évoluer les mentalités de certains jeunes issus de quartiers sensibles. "Quand on passe par un drame comme le mien, un drame d'une telle souffrance, quand je montre cette souffrance, les jeunes comprennent. Ils regardent mon message de paix et de respect, de vivre ensemble, de respect de l'autre. Surtout le respect du pays où on vit, des règles de la République, c'est très important", estime cette mère de famille.

"Il a sali le nom de l'islam". Cette dernière confie également que ce combat lui a permis de se pencher sur le parcours difficile de Mohamed Merah, sans pour autant pardonner. "J'ai pardonné la manière dont il a vécu. Quand on voit son parcours : c'est un jeune qui n'avait pas d'amour, qui a beaucoup souffert, qui n'avait pas d'éducation de ses parents, qui n'était pas cadré. Mais je ne pardonne pas ce qu'il a fait : c'est impardonnable. Ce n'est pas parce qu'on n'a pas d'éducation ou de famille qu'on devient assassin. Il nous a laissé une souffrance à vie : pour nous, pour sa famille. Il a sali le nom de l'islam", estime Latifa Ibn Ziaten.

"Je dois aller de l’avant". La mère, meurtrie, évoque sans détour sa souffrance. Une souffrance toujours présente qui la pousse à aller à la rencontre des jeunes des quartiers difficiles. "La souffrance est là, ça ne fera pas revenir mon fils. Je n'ai pas grandi dans la haine : j'ai toujours grandi dans la paix, le respect de l'autre, le vivre ensemble. La souffrance est dans mon cœur mais je dois aller de l’avant pour aider ces jeunes livrés à eux-mêmes. Voir mon fils grandir à travers cette association. A chaque geste que je fais, à chaque jeune que je sauve, ça fait grandir mon fils dans l'association", conclut-elle émue.

Ecoutez l'intégralité de l'interview :

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