La violence à l'école, phénomène social

La violence a augmenté dans les cours de récréation depuis huit ou dix ans.
La violence a augmenté dans les cours de récréation depuis huit ou dix ans. © MAXPPP
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avec Mathieu Charrier , modifié à
REPORTAGE - Décryptage de la violence à l'école après la mort d'une collégienne à Florensac.

Carla la collégienne de Florensac frappée lundi par un adolescent, est morte des suites des coups qui lui ont été portés par un autre adolescent de 14 ans en raison d'une rivalité amoureuse. Comment des enfants ou des adolescents en arrivent à de telles violences ? Pour tenter de comprendre, Europe 1 s'est rendu dans une école primaire en banlieue parisienne où sont organisés des ateliers sur la violence.

Dans la classe, ils sont une dizaine d'enfants entre 7 et 9 ans. Leur maîtresse lance la discussion sur la violence au quotidien. Ils racontent avec leurs mots ce phénomène, ils savent que "ce n'est pas bien", mais disent que c'est "une sorte d'habitude". Les enfants semblent obéir à une sorte de pulsion, une violence qui viendrait notamment des jeux vidéo.

"Des fois, on se bat pour passer le temps" :

Leur institutrice constate que la violence a augmenté dans les cours de récréation depuis huit ou dix ans. Les rapports se sont durcis. "Avant les enfants jouaient à des jeux plus structurés, maintenant ils jouent au catch", explique-t-elle au micro d'Europe 1.

"Les enfants en viennent rapidement aux mains" :

Le langage oral fait place à celui du corps et ce phénomène est jugé inquiétant par de nombreux spécialistes. Il faudrait permettre aux enfants de verbaliser ce qu'ils ressentent plutôt que de frapper, jugent certains. Pour d'autres, il y a aussi le problème de Facebook, où les adolescents s'injurient facilement librement et sans limite. Et ils finissent par passer à l'acte.

Se bagarrer, c'est aussi un moyen d'attirer l'attention sur soi et de s'affirmer pour certains enfants, expliquent des sociologues. Mais ce qui frappe le plus Michel Fize, sociologue de l'adolescence, c'est la disproportion entre la raison et la violence des coups portés.

"Réapprendre les règles en société"

"Un mauvais regard, une cigarette refusée, un portable pas prêté peut enclencher une réaction hors de proportion par rapport aux faits", souligne le sociologue au micro d'Europe 1. C'est la loi du talion. Tu m'as fait mal, je t'ai fait mal. Il faut réapprendre les règles de la vie en société et casser une spirale infernale. Cela doit se faire à l'école, mais les familles doivent aussi recevoir ce type d'enseignement", ajoute le Michel Fize.

Dans tous les cas, les spécialistes se rejoignent sur plusieurs points. Les adultes doivent être présents auprès des enfants et leur parler, car la solution est dans la parole. Il faut leur apprendre à régler un conflit avec des mots, plutôt qu'avec des coups.