La tentation de la monnaie locale

Une abeille équivaut à un euro.
Une abeille équivaut à un euro. © Capture
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avec Carole Ferry , modifié à
Alors que l'état des banques inquiète, des communes ont décidé de frapper leur propre monnaie.

Elles sont légales... pourvu qu’elles restent au niveau local. En pleine crise, et alors que l'état de santé des banques "classiques" inquiètent, les monnaies locales sont de plus en plus utilisées en circuit fermé pour favoriser les entreprises et les commerces locaux en France. Aujourd’hui,  six monnaies locales existent comme le sol Violette à Toulouse, la Bogue à Aubenas etc… D'autres villes préparent également leur planche à billets comme Brest, le Havre ou encore Angers.

Des abeilles pionnières…

Pionnière en la matière, Villeneuve-sur-Lot, une commune de 25 000 âmes où l'on paye son coiffeur ou son pain en abeilles. Une abeille équivaut à 1 euro. Les billets sont de taille classique avec d'un côté une vue de Villeneuve-sur-Lot et de l'autre une abeille. Le tout, dans des couleurs plus vives que pour les monnaies classiques : vert pomme, violet… Et, pour éviter tout risque de contrefaçon, chaque billet est numéroté.

Les abeilles : "c'est 100% échange" :

"J’ai changé mes habitudes", explique Hélène qui dépense 200 abeilles par mois en moyenne. "Dans cette même rue, il y a un magasin de chaussures qui accepte aussi de recevoir ces abeilles, et en plus elle a de très bonnes chaussures ! Je n’avais pas du tout l’habitude d’acheter mes chaussures là. Ensuite, j’ai aussi changé mes habitudes au niveau du médecin de famille", conclut Hélène.

La boulangère a aussi a changé ses pratiques. Avant, sa farine bio venait d'un peu partout en France, désormais elle ne l'achète plus qu'au producteur local, à 4 kilomètres de chez elle... et en abeilles. L’effet vertueux sur l’économie locale est sans appel. Le meunier, Michel Artisié qui vendait 20 kilos de farine par semaine en janvier en vend désormais 200 kilos par semaine soit 10 fois plus. "L’activité farine a augmenté de 15 à 20% dû au passage à l’abeille et à la demande de cette boulangerie", souligne le meunier. "On vient d’embaucher un apprenti pour faire face à la demande", conclut-il.

Une arme anti-crise

Les monnaies alternatives ne sont pourtant pas un phénomène nouveau. Créées dès le Moyen-Age, elles reviennent en force aujourd’hui comme une arme anti-crise et anti-mondialisation. Impossible de les épargner car si vous ne l’utilisez pas, elles perdent de la valeur. Il faut donc la dépenser et cela fait marcher l'économie locale.

Ces monnaies locales ont aussi l’avantage de rassurer en pleine crise financière car leur circulation est totalement maîtrisée. "On se méfie des banques", souligne Patrick Figeac, l'un des fondateurs de l'abeille. "On voit ce qu’ont donné Lehman Brothers, Dexia maintenant. Alors maintenant, à l’inverse, l’argent récolté au niveau des abeilles est bloqué sur un compte éthique donc on sait que c’est un usage essentiellement local. Autrement dit, les abeilles sont dépensées localement et reviennent alimenter ensuite le local. C’est 100% échange alors que la monnaie nationale c’est 100% spéculation", conclut-il.